Pêche. Ralentissement de l’activité des armements et des mareyeurs
Du fait de la fermeture des cantines scolaires et des restaurants, la demande en poisson frais chute. Composée de 5 000 navires, toute la flotte française est touchée : près de la moitié des bateaux sont d’ores et déjà en passe de stopper leurs activités.
Soazig Palmer-Le Gall, cheffe d’entreprise de l’Armement breton (11 chalutiers) et présidente de l’organisation ¨Pêcheurs de Bretagne (700 bateaux et 3 000 marins) indique que les chalutiers de son entreprise ne prendront pas la mer avant plusieurs semaines. « Les prix ont chuté de moitié car les ventes sont au plus bas, ce n’est pas la peine d’exploiter la ressource pour qu’une partie des volumes soit ensuite congelée ou transformée en farines de poisson ». Jean-Paul Solaro, président de la SEM de Kéroman qui gère le port de Lorient confirme ce manque de débouchés. Malgré tout, la criée reste ouverte tous les jours afin de garantir aux consommateurs une large variété de produits alimentaires.
Les professionnels de la pêche s’inquiètent de la rémunération des salariés au chômage partiel. En effet, chaque marin embarqué perçoit un salaire minimum mensuel garanti complété par des primes variant selon le volume des poissons pêchés à chaque départ du port. Une discussion est en cours avec les pouvoirs publics français et la Commission européenne sur le calcul des indemnités des marins.
Ce ralentissement de la demande et de l’activité impacte également les mareyeurs. A Lorient, ceux qui s’en sortent le mieux sont spécialistes de la découpe du lieu (noir ou jaune), produit ensuite vendu en barquette alimentaire. Ce conditionnement est encore très rare pour les autres poissons (soles, raies, lottes).
Pour soutenir les cours du poisson, « les volumes invendus sont rachetés par Pêcheurs de Bretagne, mais ses moyens financiers sont limités, cette solution ne pourra pas se prolonger très longtemps », indique Soazig Palmer-Le Gall. Autre initiative : les 20 salariés encore en activité de Procsea, plateforme numérique mettant en relation sans intermédiaires ports de pêche et acheteurs professionnels des produits de la mer, essayent de vendre, auprès des poissonniers, les importants volumes « de saumon et de bars d’élevage stockés chez les mareyeurs ».