Aéronautique. En plein boom, la filière manque de bras
L’aéronautique est en plein boom, boostée par un carnet de commandes plein. L’an dernier, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) indique que le secteur a recruté 15 000 personnes, soit 25 % de plus qu’en 2017, et compte en embaucher de nouveau 15 000 cette année, principalement sur « le process d’industrialisation et la gestion de la data ». Mais la tâche est rude car ces compétences, spécialisées, se font rares et les besoins des donneurs d’ordre (constructeurs) et de leurs sous-traitants sont identiques.
Selon Dominique Bry, coordinateur grands comptes aéronautiques du cabinet de recrutement Synergies, « les besoins concernent d’abord les métiers de production – chaudronnier, soudeur, peintre – puis les opérations de maintenance, de contrôle de la qualité des produits et de plus en plus de sécurité informatique. Et, c’est nouveau, en finance, les industriels nous demandent des déclarants de douane. A cause du Brexit, ils anticipent un éventuel retour des droits de douane ».
Pour faire face aux difficultés de recrutement, la filière mise sur l’alternance et souhaite augmenter, de 8 % par an pendant 5 ans, le nombre d’alternants du CAP au bac +5. Philippe Dujaric, directeur des affaires sociales et de la formation au Gifas indique que les plus importantes difficultés de recrutement se concentrent sur « les bac à bac +2 ». L’alternance permet aussi de former des salariés aux métiers émergents suite à l’arrivée de la réalité virtuelle et des robots collaboratifs. Selon Dominique Bry, le pilotage de la production industrielle automatisée est « clairement un métier d’avenir chez Safran ou Airbus ». Le Gifas, le Groupe des industries métallurgiques (Gim), Safran, Fives, Dassault Systèmes, des centres de formation et le Conseil régional d’Ile-de-France se sont associés par ailleurs pour créer CampusFab. Ce centre de formation, qui ouvrira en septembre, formera à l’usinage, à la fabrication additive, à la maintenance et à la continuité numérique. Il devrait former, chaque année, une centaine d’alternants et près de 300 collaborateurs en poste.
Selon l’enquête de l’Observatoire des métiers de l’air et de l’espace, le top 3 des métiers les plus recherchés cette année sont : ingénieur méthodes, ingénieur en bureau d’études, ingénieur en cybersécurité et ingénieur en intelligence artificielle. Autre enjeu de recrutement : les femmes, qui ne représentent que 23 % des effectifs actuels et 25 % des postulants.