Comment renforcer l’attractivité des métiers de la protection de l’enfance ?

 

En France, près de 400 000 enfants et jeunes sont pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Augmentation du nombre de placements, manque de places, accueils parfois inadaptés, pénurie de personnels…. Le secteur est en souffrance. Face à ces difficultés, un rapport de la Banque des territoires formule des propositions, dont certaines concernent l’attractivité des métiers et des formations.   

 

Publié en janvier 2025 par la Banque des territoires – Caisse des dépôts, le rapport « Des solutions innovantes pour les acteurs de l’enfance protégée. Une approche écosystémique qui peut changer la donne», fait suite aux difficultés mises en exergue lors de la crise sanitaire de 2020.   

Remis à Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, et à Florence Dabin, présidente du GIP « France enfance protégée », il fait le constat d’un secteur en crise et propose des solutions pour aller vers un fonctionnement plus soutenable en termes financiers, professionnels ou de prise en charge. Cinq d’entre elles visent à améliorer l’attractivité des formations et des métiers du secteur.  

 

L’ASE : entre hausse des besoins et pénurie de professionnels

L’Aide sociale à l’enfance (ASE) est à la fois confrontée à une progression du nombre de placements (+40 % entre 1998 et 2022) et à une pénurie de professionnels. Par ailleurs, les profils des enfants pris en charge évoluent. Le rapport relève « une part non négligeable d’enfants en situation de handicap et de mineurs non accompagnés ».   

En novembre 2023, 97 % des responsables d’établissements et de services de protection de l’enfance ont déclaré rencontrer des difficultés de recrutement. 9 % des postes sont vacants, un taux près de deux fois plus élevé que celui pour l’ensemble du secteur sanitaire, social et médico-social.  

Les éducateurs spécialisés et les assistants familiaux manquent à l’appel. 91,4 % des structures ont des difficultés à recruter les premiers. Le nombre d’éducateurs spécialisés diplômés a diminué de 10 % entre 2012 et 2017. Quant aux seconds, 75 % des assistants familiaux ont plus de 50 ans et s’approchent donc de l’âge du départ à la retraite.   

En parallèle, la progression du nombre de démissions des professionnels et un turn-over élevé accentuent les tensions. La pénurie de main-d’œuvre qui en découle et ses contraintes financières entraînent un délaissement des formations continues par les employeurs, au profit de formations courtes et à distance. Il faut donc repenser l’attractivité des métiers afin d’anticiper le renouvellement des professionnels et des compétences.

La formation, un enjeu au cœur du défi de l’attractivité des métiers  

366 établissements de formation en travail social (EFTS) assurent la formation initiale préparant aux diplômes d’État en travail social. Cependant, le contenu des formations proposées ne répond pas pleinement aux besoins du secteur de la protection de l’enfance. En effet, à l’exception du diplôme d’Etat d’assistant familial (DEAF), il n’existe pas à ce jour de diplôme spécifique à l’ASE. Par ailleurs, faute de temps, les stages sont insuffisamment mobilisés par les équipes en place. Ce qui ne permet pas aux futurs professionnels de découvrir le secteur et de s’y projeter. Enfin, la formation continue doit être développée pour accompagner les professionnels dans leur quotidien et leurs pratiques.   

Pour investir dans la formation, la Banque des territoires propose :   

  • de soutenir, via un financement, le développement des organismes de formation existants pour qu’ils élargissent leur offre, innovent pédagogiquement, en se digitalisant par exemple, et s’adaptent aux évolutions du secteur ;   
  • de créer une plateforme de mutualisation de formation et de bonnes pratiques ;   
  • de mobiliser, comme en 2024, le dispositif « Compétences et métiers d’avenir » afin de rendre éligibles les métiers du secteur de l’ASE à un financement en ingénierie de formation. L’objectif : structurer davantage la filière de la formation dédiée aux acteurs de l’ASE, en créant les conditions favorables à de nouveaux investissements.  

L’apprentissage, une voie à développer ?

L’apprentissage est-il une voie pertinente pour faire face aux difficultés du secteur ? Le rapport affirme que cela permettrait « sans aucun doute de moindres abandons des jeunes diplômés lors de leur entrée dans des postes du domaine de l’enfance protégée ».  

Pourtant, plusieurs facteurs ralentissent son développement : freins financiers, efforts d’adaptation insuffisants des centres de formation d’apprentis aux contraintes d’organisation des employeurs, difficulté à mobiliser des maîtres d’apprentissage…  

Il faudrait donc un soutien financier massif pour financer le salaire d’apprentis et le nécessaire remplacement sur poste des maîtres d’apprentissage.  

Le Compte personnel de formation : une piste pour encourager la formation

Le Compte Personnel de Formation (CPF) est un outil majeur pour développer la formation. Cependant, son potentiel est inexploité. En effet, les formations de l’ASE, à l’instar de la plupart des formations sanitaires et sociales, sont actuellement sous-représentées sur la plateforme « Mon Compte Formation ». Un travail d’information doit donc être mené. Par ailleurs, les employeurs doivent être sensibilisés aux possibilités de CPF co-financé. Un vrai levier pour faciliter l’accès aux formations, notamment dans les zones confrontées à une pénurie de personnel qualifié 

Aller plus loin 

Des solutions innovantes pour les acteurs de l’enfance protégée. Une approche écosystémique qui peut changer la donne 

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Banque des Territoires, 01/2025  

ASE : prévenir les « sorties sèches » des jeunes majeurs Bretons   

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GREF Bretagne, 09/2024

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