Décrochage. Entrer en bac pro, et après ?

Il y avait 180 000 candidats en 2023 au baccalauréat professionnel. Cela représente 25 % des inscrits aux différents baccalauréats. Dans une étude publiée en octobre 2023, le Céreq s’intéresse à l’insertion professionnelle en 2020 des jeunes inscrits en bac pro et sortis de ce parcours de formation en 2017.

« Débuter un bac pro : pour quels diplômes et quelle insertion ? », c’est la question à laquelle se sont frottés Thomas Couppié et Arthur Félix Sawadogo du Département entrées et évolutions dans la vie active (DEEVA) du Céreq. Cette enquête parue en octobre 2023 mesure l’insertion en 2020 de la génération 2017 des jeunes diplômés, décrocheurs ou en poursuite d’étude. Elle reconstruit le parcours de 213 000 jeunes entrés dans le cursus du bac professionnel. Trois constats majeurs ressortent de l’étude : « plus le décrochage est précoce, plus l’insertion est difficile, la formation complémentaire constitue un bénéfice net pour l’insertion et les études supérieures, quant à elles, constituent un pari risqué ».

Un tiers d’abandon

L’étude indique qu’un tiers des jeunes ayant entamé un cursus de bac pro en sort sans obtenir le diplôme visé. Elle souligne également que le moment du décrochage entraîne des conséquences, sur l’insertion notamment.

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Décrochage précoce : insertion difficile

Plus l’élève décroche tôt, plus son insertion sur le marché du travail est compliquée. L’étude précise que 28 % des sortants de seconde sont en emploi trois ans après, soit en 2020. Ce taux augmente à 44 % pour les décrocheurs en première, 57 % en terminale. Les titulaires du bac pro sont quant à eux 70 % à être en emploi trois ans après l’obtention du diplôme.

La formation complémentaire : un bénéfice net pour l’insertion

Pour plus de la moitié des jeunes entrés en bac pro, ce diplôme est le plus haut diplôme au début de leur vie active. Il ressort également de l’étude que les jeunes qui ont complété leur bac pro par un autre diplôme professionnel comme une mention complémentaire, un CAP ou un brevet professionnel bénéficient d’une meilleure insertion sur le marché du travail.

En effet, 77 % ont un parcours dominé par l’emploi. C’est-à-dire qu’ils ont travaillé 34 mois sur 40. Ce taux chute à 55 % pour les diplômés seulement d’un bac pro. Par ailleurs, les titulaires d’une formation complémentaire sont mieux payés : 1500 euros nets en moyenne contre 1370 euros. La poursuite de la formation a également une influence sur le poste de travail : 61 % sont employés-ouvriers qualifiés (22 % peu qualifiés) alors que cela représente 40 % des diplômés du seul bac pro (41 % peu qualifiés).

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Bac pro et études supérieures : « un pari risqué »

Les titulaires du bac pro poursuivent parfois leur formation par des études supérieures. L’étude indique que 16 % des jeunes ayant entamé un cursus de bac pro ont validé un diplôme de l’enseignement supérieur, un BTS pour la majorité. Néanmoins, 41 % des jeunes qui s’engagent dans le supérieur échouent. Ils rencontrent alors des conditions d’insertion proches des bacheliers entrés directement sur le marché du travail. Le Céreq souligne qu’une orientation vers un bac+1 (validé ou non) aurait été plus bénéfique.

Néanmoins, les titulaires du bac pro qui réussissent leurs études supérieures en tirent des bénéfices. Les bacs pro diplômés d’un bac +3 ou 4 sont 64 % à être cadres alors que cela ne concerne seulement 15 % des diplômés du seul bac pro. De plus, ils gagnent 1790 euros net par mois contre 1400 euros pour les diplômés du seul bac pro.

En définitive, la nouvelle étude du Céreq montre une diversité des parcours, mais surtout, elle confirme le rôle déterminant du niveau de formation initiale dans l’accès à l’emploi. Elle démontre l’intérêt de lutter contre le décrochage. L’obtention d’une certification complémentaire d’un an au bac pro peut s’avérer presque aussi gratifiante qu’une poursuite d’études réussie dans l’enseignement supérieur et d’autant plus si cette poursuite d’études se solde par un échec. Néanmoins, en cas de réussite aux examens dans l’enseignement supérieur, les bénéfices sont importants en termes de qualité d’emploi, mais aussi de rémunération.

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