Replay IDÉO – Partir ou rester ? Les déterminismes géographiques dans les parcours d’orientation

Les jeunes issus de territoires ruraux ont-ils les mêmes opportunités d’orientation que les autres ? Comment le lieu d’habitation, le genre ou encore le réseau local influencent les choix d’orientation ?
Retour sur le webinaire IDÉO du 20 mars 2025 pour une réflexion sur les déterminismes géographiques dans les parcours d’orientation.  

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Les intervenantes du webinaire IDÉO

Marie-Christine Montfort, cofondatrice de l’association XXElles à Langonnet (56). 

Perrine Agnoux, maîtresse de conférences en sociologie à l’Institut National du Professorat et de l’Éducation (INSPÉ) de l’Université de Lyon.

XXElles : accompagner les aspirations des jeunes filles

Depuis 2023, l’association XXElles accompagne cinq adolescentes de Langonnet, une commune rurale du Morbihan, en leur proposant des projets favorisant la confiance en soi et l’expression de leurs aspirations pour l’avenir. L’association organise des rencontres avec des professionnelles locales aux parcours variés. Des échanges qui permettent de déconstruire les stéréotypes de genre et d’élargir les perspectives sur les métiers. Avec ces rencontres et la création d’un podcast (« Même pas peur ») qui nous plonge dans le quotidien de ces jeunes filles, XXElles propose un espace d’écoute et de stimulation pour éclairer leurs voies scolaires et professionnelles. 

Déconstruire les « a priori » sur la ruralité : l’éclairage sociologique

Perrine Agnoux, sociologue, apporte un regard scientifique sur les trajectoires des jeunes femmes en milieu rural. À travers une enquête de terrain menée en Corrèze, elle propose un regard renouvelé sur les déterminismes géographiques qui souvent associent la jeunesse rurale au manque d’ambition ou à l’immobilisme. La récente étude du Céreq « Petits boulots et grandes galères : être jeune sans diplôme en milieu rural » appuie cette position en mettant en lumière leur fort attachement au travail 

En explorant les histoires et les parcours des jeunes filles corréziennes qu’elle a suivies depuis le lycée, Perrine Agnoux révèle une réalité nuancée : l’attachement territorial n’est pas nécessairement synonyme d’un manque d’envie de partir. Ce lien au lieu de vie s’avère souvent ambivalent, façonné par des facteurs multiples, tels que les obligations familiales, les ressources locales disponibles ou encore le rôle joué par l’école et les acteurs locaux.  

« Bouger sans partir » : la contribution de l’école à l’attachement territorial

Contrairement à une idée reçue selon laquelle les écoles rurales encourageraient un exode des jeunes, l’enquête de Perrine Agnoux met en lumière une tendance différente. Les enseignantes, souvent elles-mêmes ancrées localement, valorisent une mobilité mesurée, conçue non pas comme une fuite mais comme une étape transitoire susceptible de renforcer les perspectives de retour. Cette mobilité temporaire est promue en tant qu’outil d’émancipation, une manière d’acquérir des compétences et de construire un avenir personnel et professionnel que les jeunes filles pourront réinvestir localement. 

Il en résulte une stratégie de mobilité ambivalente où les jeunes femmes doivent négocier un équilibre délicat entre enracinement et ouverture. Cette dynamique oscille entre le désir de partir pour mieux revenir et les contraintes réelles qui limitent cette ambition comme des ressources économiques précaires et les attachements familiaux. Le paradoxe d’une mobilité à la fois encouragée par les enseignantes et freinée par les réalités du quotidien.  

Pour approfondir ces questions, découvrez le replay du webinaire IDÉO dédié aux liens entre aspirations à la mobilité géographique et ressources locales chez les jeunes en milieu rural. 

 

Le replay du webinaire IDÉO du 20/03/25

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GREF Bretagne, 03/2025