Développement durable. Quand les cheveux dépolluent les ports
L’association Coiffeurs justes collecte, dans les salons de coiffure volontaires, les cheveux des clients pour les transformer en filtres naturels antipollution. Transformés dans un Esat de Brignoles (Var), ils deviennent des boudins absorbant les pollutions marines aux hydrocarbures ou des tapis pour les huiles usagées des garages ou des zones industrielles. L’association compte 1 600 salons de coiffure adhérents dans toute la France, dont 85 en Bretagne.
Les cheveux représentent « 50 % des déchets d’un salon », explique une coiffeuse partenaire, soit entre 3 000 et 4 000 tonnes de cheveux qui, au niveau national, partaient chaque année à la poubelle. Elle commande des sacs de collecte en papier qui peuvent contenir jusqu’à 220 coupes et tous types de cheveux (décolorés ou non). Le sac est ensuite envoyé à ses frais à l’association, basée dans le Var, créée par Thierry Gras, coiffeur depuis 30 ans. Il s’est inspiré de l’action de l’organisation américaine « Matter of trust » qui avait conçu, en 2010, des barrages filtrants à base de cheveux et de poils d’animaux pour lutter contre une marée noire dans le golfe du Mexique.
Coiffeurs justes est soutenu par l’association scientifique Ecoscience Provence. Depuis sa création en 2015, plus de 10 tonnes de cheveux ont été collectées. Thierry Gras ne manque pas d’idées : il aimerait concevoir des boudins plus petits pour les bateaux de plaisance. Il envisage aussi de transformer, en fin de vie, les boudins en isolants phoniques et thermiques dans le bâtiment, en renforcement du béton, mais aussi en fertilisants et en répulsif des animaux sauvages…