Développement durable. Récupérer la chaleur émise par l’industrie
Selon l’Ademe, en France, plus de 7 000 établissements employant plus de 10 salariés libèrent une chaleur allant de +40 à +100 °C. Cette chaleur, dite « fatale » doit être récupérée car elle est « comptabilisée dans les objectifs à atteindre par les énergies renouvelables », indique Marina Boucher, ingénieure au service entreprises et dynamique industrielle de l’Ademe. L’agence espère ainsi passer de 0,5 TéraWattheure de chaleur fatale par an fin 2016 à 3 TWh en 2028.
C’est dans le Nord et l’Est qu’on trouve la plus forte marge de progression de cette énergie. Celle émise par les incinérateurs d’ordures ménagères est déjà valorisée : 8,5 TWh sont envoyés par ce biais dans les réseaux de chaleur. Mais le gisement le plus important demeure l’industrie, notamment en Grand-Est (17,6 TWh), dans les Hauts-de-France (17,7 TWh) et en Auvergne-Rhône-Alpes (13,8 TWh) qui concentrent plus de 45 % du potentiel national. Au total, le milieu industriel français pourrait permettre de récupérer 109,5 TWh, dont presque la moitié à une température de plus de 100 °C.
Face à ces gisements, des projets émergent, boostés par le fonds chaleur de l’Ademe. Cette dernière a déjà soutenu la production de 0,6 TWh. Mais peu d’industriels franchissent le pas car le gisement n’est pas exploitable partout dans des conditions économiquement viables. Seulement 17 TWH sont à une distance raisonnable d’un réseau de chaleur, le débouché le plus sûr. Par ailleurs, ces opérations sont financièrement risquées. Au point que certains en appellent à la création d’un fonds de garantie comme il en existe pour la géothermie. En raison de l’extrême diversité des projets, l’Ademe n’y est pas favorable.