Emplois francs. Généralisés dans tous les quartiers prioritaires ?
Lancé il y a 18 mois, le dispositif des emplois francs, qui lutte contre la discrimination à l’embauche subie par les habitants des quartiers prioritaires, peine à décoller. Pour le dynamiser, le projet de loi de finances 2020 envisage de le généraliser à toute la France. Actuellement, seuls 12 000 contrats ont été signés alors que l’aide versée est conséquente : jusqu’à 15 000€ pour un CDI ou 5 000€ pour un CDD de plus de 6 mois, aides qui s’ajoutent aux exonérations de charges. Pourquoi une telle situation, alors que le dispositif a déjà été élargi il y a 6 mois ?
Le comité scientifique évaluateur ne se l’explique pas. Il constate une « certaine accélération » depuis l’assouplissement, progression due au « pilotage très serré des préfets », indique l’entourage de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Yannick L’Horty, l’un des membres du comité évaluateur, professeur à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée et directeur de la Fédération Travail, Emploi et Politiques publiques du CNRS constate « un non-recours assez considérable […]. Beaucoup d’entreprises embauchent des personnes de QPV sans demander la prime à Pôle emploi ». Le rapport évaluateur, qui doit être publié ce mois-ci, permettra peut-être de mieux comprendre le comportement des chefs d’entreprise.
Le projet de budget 2019 tablait sur « 150 000 emplois francs par an à compter de 2020, pour un coût de 141 millions ». En mars dernier, 1 an après leur lancement, seuls 4 300 emplois francs avaient été signés. D’ici à la fin décembre, le ministère table sur 8 000 contrats supplémentaires et 20 000 l’an prochain pour atteindre au total 40 000 emplois francs.