En Bretagne, un marché du travail sous tension
Plus de huit métiers sur dix sont en tension en Bretagne en 2022. Pour certains d’entre eux, ces difficultés de recrutement sont structurelles. C’est ce qui ressort des résultats de l’étude co-réalisée par le GREF Bretagne avec la Dreets Bretagne, à partir d’une exploitation des données de la Dares.
Comment les expliquer ? Quels sont les métiers concernés ?
En Bretagne, les difficultés de recrutement ne cessent de progresser. Elles sont la conséquence d’un marché du travail dynamique, marqué par des créations d’emploi et une baisse du chômage. Avec un indicateur de tension de 1,14 en 2022, supérieur au niveau national (0,85), la région est l’une des cinq en France où le marché du travail est le plus tendu.
Au niveau régional, ces tensions atteignent leur plus haut niveau depuis 2015. Tous les domaines professionnels sont concernés, mais à des échelles variables. Ces difficultés de recrutement touchent tous les métiers de l’industrie et du bâtiment-travaux publics. Dans le domaine tertiaire et l’agriculture, un nombre croissant de métiers est impacté.
C’est quoi les tensions sur le marché du travail ?
Les tensions sur le marché du travail mesurent les déséquilibres observés entre les offres d’emploi des entreprises et la demande d’emploi. L’indicateur de tension est un indicateur synthétique prenant en compte trois dimensions : les difficultés de recrutement anticipées par les employeurs, le nombre d’offres d’emploi rapportées au nombre de demandeurs d’emploi, la facilité des demandeurs d’emploi à retrouver un emploi.
Afin d’éclairer sur l’origine des tensions, six indicateurs complémentaires sont calculés : l’intensité des embauches, la main d’œuvre disponible, la non-durabilité de l’emploi, les conditions de travail contraignantes, le lien emploi spécialité de formation et emploi, ainsi que l’inadéquation géographique.
Un métier sur quatre structurellement en tension
136 métiers sont en tension ou en forte tension en Bretagne sur 163 métiers observables, soit huit métiers sur dix. Parmi ceux-ci, 117 métiers sont en forte tension.
Les difficultés de recrutement sont particulièrement importantes, notamment sur les métiers de charpentiers, ingénieurs du BTP, chefs de chantier et conducteurs de travaux (cadres), agents de maîtrise des industries de process…
38 métiers sont continuellement en tension depuis 2015, soit un métier sur quatre, comme les ingénieurs et cadres d’étude, la recherche et développement en informatique, les chefs de projets informatiques, les couvreurs, les ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal ou les aides à domicile et aides ménagères…
La formation, un levier pour réduire les difficultés de recrutement
La hausse des tensions sur le marché du travail en Bretagne s’explique principalement par une hausse des recrutements. Dans ce contexte, le nombre de demandeurs d’emploi disponibles diminue, induisant sur certains métiers un déficit de candidats.
D’autres facteurs peuvent également être à l’origine de ces tensions : des contrats courts ou saisonniers, des conditions de travail contraignantes, une inadéquation géographique ou la nécessité de disposer de compétences ou d’une formation spécifique.
Former peut donc être un moyen de desserrer les contraintes. Si globalement quatre métiers sur dix nécessitent une formation spécifique, 22 parmi les 30 métiers les plus en tension ont fort un lien emploi – formation.
Pour certains, l’origine peut résulter d’un manque de candidats formés lié à une méconnaissance des métiers ou à un manque d’attractivité du métier ou des formations. Ces difficultés de recrutement peuvent aussi être liées à un différentiel qualitatif entre les compétences attendues par les employeurs et les compétences détenues par les demandeurs d’emploi, du fait d’une évolution des conditions d’exercice des métiers et des pratiques professionnelles.
Selon l’enquête sur les besoins de main d’œuvre 2024 (BMO) réalisée par France Travail, les deux principaux facteurs qui expliquent ces difficultés sont le nombre insuffisant de candidats, pour 85 % des recruteurs, et le profil inadéquat des candidats (76 %). Ces résultats confirment que la formation est un moyen d’agir sur les difficultés de recrutement.
Des tensions variables selon les territoires
En fonction des dynamiques d’emploi et de l’orientation économique des territoires, la liste des principaux métiers en tension et l’intensité des difficultés de recrutement varie selon les départements. Par exemple, sur les métiers d’employés et opérateurs en informatique, les tensions sont fortes en Ille-et-Vilaine et dans le Finistère, alors qu’elles sont plus modérées dans les deux autres départements de la région.
Avec Data emploi, explorez les données à un niveau détaillé
France Travail met à disposition sur son outil data emploi un ensemble de données sur le marché du travail, notamment des indicateurs sur les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises et l’origine de ces tensions au niveau des fiches métier du ROME.