Étude. Emploi saisonnier dans le tourisme : de fortes tensions de recrutement
Y aura-t-il assez de saisonniers cet été ? Dans un contexte où le secteur du tourisme peine à trouver des candidats, les problématiques de recrutement et de fidélisation deviennent majeures. En début d’année, les OPCO AKTO et l’Afdas publiaient une étude à ce sujet. Ils y décryptent les enjeux, proposent des recommandations et présentent un portrait détaillé des saisonniers des branches concernées.
Si la saison 2023 démarre à peine, l’étude montre que la saison 2022 a été particulièrement marquée par des tensions de recrutement. Certaines entreprises ont dû restreindre leur activité. Cette étude, réalisée par le cabinet Katalyse, porte sur plusieurs métiers du secteur du tourisme : hôtels, cafés, restaurants, casinos, espaces de loisirs, d’attractions et culturels, organismes de tourisme, hôtellerie de plein air, restauration commerciale libre-service et restauration rapide.
317 000, c’est le nombre de saisonniers recensés par l’étude pour l’année 2019. Cependant, les besoins sont en hausse : en 2022, 24 à 36 % des établissements envisageaient une augmentation de leurs effectifs saisonniers. Les évolutions attendues par chacune des branches sont assez semblables. Les espaces de loisirs, d’attractions culturels et l’hôtellerie de plein air sont les deux branches comptant la plus grande part d’établissements prévoyant une augmentation du nombre de saisonniers.
Les tensions de recrutement s’expliquent notamment par ces principaux facteurs :
- L’impact du COVID 19. Une partie des saisonniers durables s’est tournée vers d’autres métiers, sortant ainsi des branches du tourisme. Et les années 2020 et 2021 n’ont pas permis d’intégrer de nouveaux saisonniers, notamment les étudiants. Or, les étudiants constituent un vivier de saisonniers car ils reviennent souvent plusieurs années de suite.
- La concurrence d’autres secteurs d’activité a rendu l’attractivité des métiers saisonniers plus faible.
- Une très bonne saison touristique 2022.
Définition : qu’est-ce qu’un salarié saisonnier ?
L’étude retient la définition suivante : Il s’agit des salariés dont au moins un poste est compris entre les bornes de la saison, quel que soit le type de contrat de travail ; les dates des bornes de saison ayant été identifiées par l’analyse des pics d’emploi et validées par le Comité de pilotage de l’étude.
Plus de 300 000 saisonniers en France : quels métiers ?
Deux tiers des saisonniers travaillent dans la branche Hôtels, cafés, restaurants (HCR). Dans cette même branche, ils représentent 20% de l’emploi total. Attirer des candidats, est donc un enjeu fort, pour les entreprises.
Les métiers de la cuisine et de la restauration sont les principaux métiers occupés par les saisonniers du tourisme. Les métiers de serveurs et commis de restaurants y sont très représentés. La branche fait face à des tensions fortes, notamment parce qu’elle a besoin de personnel qualifié et expérimenté, ce qui limite le recours aux profils non qualifiés. La branche souffre également d’un déficit plus global d’attractivité : on retrouve cette tension sur le recrutement des emplois permanents.
Les autres métiers occupés sont très divers : métiers de l’hôtellerie, de la vente, de l’animation, de l’entretien, de l’administration… À noter également que les métiers saisonniers sont les mêmes l’été et l’hiver.
Profil type du saisonnier
- Les saisonniers sont jeunes. L’âge médian est de 24 ans l’été et 27 ans l’hiver. On note le poids important des étudiants, essentiellement parmi les saisonniers d’été.
- La majorité des saisonniers vivent et travaillent dans la même zone d’emploi. Soit 72 % des effectifs en été et 61% en hiver. Toutefois, les non-locaux proviennent de l’ensemble du territoire national et ont, de fait, des contraintes fortes d’hébergement.
- Pour 77% des saisonniers d’été, le poste de saisonnier est le poste principal, soit le plus rémunérateur. D’une part du fait du poids des étudiants parmi ces saisonniers, d’autre part du fait de la durée d’allongement de la saison d’été, qui constitue, pour certains, l’unique saison.
- 54% de contrats de travail occasionnels ou saisonniers et d’autres contrats : 22% de CDI, 21% de CDD. En moyenne sur l’année, un saisonnier occupe 2,3 postes, que ce soit en saison ou hors saison.
Au-delà de ces éléments, l’étude identifie des profils et des parcours types de saisonniers et y associe des enjeux et stratégies concernant leur fidélisation, leur formation et leur évolution professionnelle.
Recruter et fidéliser : un enjeu majeur pour les entreprises du secteur
L’étude détaille cinq familles d’actions pour répondre aux besoins en emploi et en compétences. Parmi celles-ci :
- Rendre les emplois plus attractifs et élargir le sourcing des candidats sont des priorités identifiées par les établissements. Les leviers de l’attractivité sont la rémunération et les primes de fidélisation ou de fin de contrat. Les entreprises cherchent à améliorer les conditions de travail (jours de repos, aménagement des horaires). Toutefois ces leviers d’actions sont difficilement accessibles aux plus petites entreprises.
- Innover concernant les problématiques d’hébergement pour attirer les saisonniers « de carrières », expérimentés, et non locaux. L’étude propose diverses actions pour favoriser les solutions d’accueil locales. Parmi elles, une initiative que la Région Bretagne a expérimentée dès 2022 : la mise à disposition de logements en internats.
En Bretagne, la Région facilite l’accès au logement pour les saisonniers
Après une expérimentation concluante en 2022, la Région Bretagne poursuit l’initiative de mettre à disposition des logements pour les saisonniers. Internats de lycée, logements chez l’habitant… les solutions existent pour proposer des solutions aux saisonniers et pourvoir ainsi les 50 000 emplois nécessaires aux activités économiques bretonnes.
Après les lycées de Lamballe et de Dinard en 2022, c’est le lycée maritime Florence-Arthaud de Saint-Malo qui ouvrira ses portes cette année.