Formation professionnelle. Les 12 points à retenir du Jaune budgétaire 2025
Publié en octobre 2024, le Jaune budgétaire « formation professionnelle » 2025 s’inscrit dans une stratégie pluriannuelle de redressement des comptes publics. Le défi : préserver la qualité et l’accessibilité de l’offre de formation tout en réduisant les dépenses.
Le Jaune budgétaire dédié à la formation professionnelle est une annexe du projet de loi de finances (PLF) 2025. La dépense nationale pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage, en 2023, est estimée à 55,3 milliards d’euros. Si des coupes budgétaires sont attendues pour l’année 2025, le soutien à l’insertion professionnelle reste une priorité pour le gouvernement.
L'essor de l'apprentissage soulève des questions quant à sa durabilité financière
- Le Jaune budgétaire souligne la poursuite du développement des formations en apprentissage. Au 31 décembre 2023, on comptait plus d’un million d’apprentis en formation. Le nombre d’entrées en apprentissage est passé de 360 000 en 2019 à près de 850 000 en 2023. Les auteurs du Jaune stipulent que, pour 2025, « le principe d’une aide aux employeurs d’apprentis est maintenu » afin de continuer à soutenir cette dynamique. Les conditions de cette aide sont amenées à être revisitées.
- On compte, début octobre 2024, 3 945 CFA certifiés Qualiopi contre 954 CFA en activité avant la loi du 5 septembre 2018 « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel ». Certains secteurs se développent « tels que celui du sport, du médico-social ou encore des services, notamment grâce à la reconnaissance des CFA d’entreprises. ».
- Le programme Erasmus+ connaît un essor significatif en 2024 avec une augmentation de 13 % de son budget. En parallèle, la loi du 27 décembre 2023 pour un « Erasmus de l’apprentissage » offre de nouvelles opportunités pour les alternants souhaitant effectuer une partie de leur formation à l’étranger.
- Le développement de l’apprentissage et le succès du compte personnel de formation (CPF) pose la question de la soutenabilité financière de France Compétences, chargée du financement de la formation professionnelle. Son déficit cumulé dépassait les 9 milliards d’euros fin 2023. Face à un contexte budgétaire contraint, France Compétences est appelée à intensifier ses efforts de rationalisation en 2025. Une nouvelle convention avec l’État, définissant ses objectifs et ses moyens pour les trois prochaines années, est attendue.
La qualité de la formation au cœur des préoccupations
- Le marché de la formation professionnelle est dynamique. Le chiffre d’affaires des organismes de formation s’élève à 28,7 milliards d’euros en 2023 (+3 % par rapport à 2022).
- Le budget alloué au CPF a baissé entre 2022 et 2023, passant de 2,5 milliards à 1,8 milliard d’euros. L’augmentation de la mobilisation du CPF a ainsi entraîné des difficultés financières. Aussi, depuis mai 2024, les salariés doivent désormais s’acquitter d’un reste à charge de 100 € pour financer une formation. L’objectif de France Compétences est de développer l’implication des financeurs tiers, dont les entreprises.
- À la suite des mesures de régulation mises en place en 2022 pour garantir la qualité du CPF, le catalogue de formations a connu une consolidation. En 2023, bien que le nombre d’organismes ait diminué, l’offre de formation reste abondante et stable avec près de 192 000 formations disponibles.
- L’exigence de qualité de la formation se traduit par un effort de rationalisation du nombre de certifications enregistrées dans le répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Au 1er juillet 2024, 4 883 certifications professionnelles étaient enregistrées au RNCP, contre 7 966 actives en janvier 2019. Concernant le répertoire spécifique (RS), 1 175 certifications et habilitations étaient enregistrées en juillet 2024 contre 2 178 actives en janvier 2019.
Une volonté de cibler les publics prioritaires
- Le comité scientifique du Plan d’investissement dans les compétences (PIC), les services de la DGEFP, la mission IGAS/IGF et la Cour des comptes ont constaté la nécessité de poursuivre le financement des actions réalisées dans le cadre du PIC et des PRIC tout en recentrant les actions sur les dispositifs les plus inclusifs. Un nouveau cycle a été ouvert pour la période 2024-2027. Les crédits seront néanmoins en baisse.
- La feuille de route 2025 de France Travail s’articule autour de trois axes. Premièrement : renforcer les dispositifs performants en simplifiant la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POEI), en créant le service numérique « Former-Recruter » pour rapprocher entreprises, demandeurs d’emploi et organismes de formation, et en offrant un rôle de tiers de confiance aux opérateurs CEP. Second axe : établir un diagnostic des besoins en compétences avec les Régions et les branches professionnelles, en ciblant les publics prioritaires visés par le PIC. Enfin, France Travail entend poursuivre l’aide individuelle à la formation (AIF).
La formation continue doit répondre aux mutations du monde du travail
- L’enveloppe dont bénéficient les Opco pour le Fonds national de l’emploi – Formation (FNE-Formation) a été fortement réduite entre 2023 et 2024. Les sommes engagées étaient de 235 millions d’euros en 2023, notamment pour soutenir la transition numérique (51 % des actions de formation) et écologique (39 %). En 2024, le budget alloué s’élève à 96 millions d’euros. Le PLF 2025 prévoit 100 millions d’euros en autorisations d’engagements et 101,12 millions d’euros en crédits de paiement au titre du FNE-Formation.
- Le gouvernement souhaite poursuivre son projet de modernisation de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Annoncée dans le Jaune budgétaire 2024, la création du Gip France VAE n’a pas pu se concrétiser cette année. Elle est néanmoins maintenue et repoussée à 2025.
Les données chiffrées des Jaunes budgétaires peuvent être provisoires et susceptibles de révisions ultérieures, en attente du vote du PLF 2025 à l’Assemblée.