Grande distribution. Des métiers en mutation, transformés par le numérique et les modes de consommation
Employant près de 660 000 personnes (données Acoss 2017) dont 20 % de jeunes et 54 % de personnes peu diplômées, le secteur de la grande distribution est éprouvé, confronté à l’évolution des modes de consommation et à l’arrivée de nouvelles technologies. Les annonces de réduction de personnel se multiplient (789 postes chez Kingfisher (Castorama et Brico Dépôt), 400 postes menacés chez New look, 5 000 postes supprimés en 2 ans chez Carrefour…).
En France, près de 160 000 salariés travaillent aux caisses. Si l’arrivée, il y a 10 ans, des caisses automatiques a fait craindre pour l’emploi au final, « elles étaient peu utilisées car cela restait fastidieux pour le consommateur. La donne est différente aujourd’hui, les technologies se sont améliorées et le bénéfice pour les particuliers est plus avéré », analyse Philippe Moati, cofondateur de l’Observatoire société et consommation (ObSoCo). Ces personnes, « souvent peu qualifiées, souvent issues de l’immigration », ne pourront être, selon un grand patron d’une enseigne de distribution, mutées « vers des entrepôts car ceux-ci seront [aussi] automatisés ».
S’il y aura toujours du personnel dans les magasins, « les besoins de formation professionnelle vont être énormes », indique Stefano Scarpetta, économiste à l’OCDE car « tous les emplois de demain vont nécessiter l’utilisation des technologies ». Face à ces enjeux, la branche du commerce alimentaire a signé, fin 2018, dans le cadre du Plan d’investissement dans les compétences (PIC), un accord avec l’Etat afin qu’il cofinance des études sur le sujet. Altedia en mènera une « au niveau national et par bassin d’emploi [afin de] mieux comprendre de quel type de postes nous allons avoir besoin et lesquels vont diminuer en fonction de la technologie, de la croissance du secteur, de ce qui se passe à l’étranger », indique Jacques Creyssel, directeur général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD). Elles seront publiées d’ici à la fin de l’année. Ensuite, des « négociations de branches seront réalisées sur l’évolution de l’emploi, voire la mise en place de passerelles avec d’autres secteurs, comme les services à la personne par exemple.
Si la grande distribution détruit ou transforme ses emplois, elle en créé également de nouveaux. Au Luxembourg, les hypermarchés disposent de « welcomers » qui accueillent les clients. Les grandes surfaces proposent également les services de coachs sportifs, diététiques…