Illettrisme. Une offre de professionnalisation très disparate selon les régions

L’Association nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) a réalisé, en 2023, un état des lieux de l’offre de professionnalisation proposée, en France, aux formateurs et intervenants auprès des publics en situation d’illettrisme. Cet inventaire, qui a associé les Centres ressources illettrisme (CRI), les Carif-Oref et les chargés de mission régionaux ANLCI, met en lumière de fortes disparités entre les régions et des besoins très variés.

Ne prétendant pas à l’exhaustivité, cette étude recense néanmoins, au niveau national, 156 actions ou sessions de professionnalisation. Au total, 94 % d’entre elles sont non certifiantes, avec des formats variables (modules d’appropriation, cycle thématique…), inférieurs ou supérieurs à une journée. Le point sur la situation nationale et dans les territoires.

Et en Bretagne ?

L’an dernier, cinq actions ou sessions de professionnalisation, non certifiantes, ont été proposées, en distanciel, aux acteurs régionaux mobilisés contre l’illettrisme. Elles étaient intégrées au programme de professionnalisation du service public d’information et d’aide à l’orientation, Idéo, porté par la Région Bretagne. Elles ont traité du contexte de lutte contre l’illettrisme, des publics et de leurs particularités et du certificat Cléa.

Si la région ne dispose pas de formations universitaires certifiantes sur le sujet, les intervenants peuvent faire reconnaître et certifier leurs compétences en préparant le titre professionnel Formateur professionnel d’adultes.

Majoritairement portée par les Centres ressources illettrisme (CRI)

Les fortes variations régionales dans l’offre de professionnalisation s’expliquant par la présence, ou non, d’un Centre ressources illettrisme. Les régions Centre-Val de Loire, Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes en possèdent un. Elles proposent respectivement, plus de 20 actions de professionnalisation non certifiantes. À l’inverse, 53 % – dont 38 % de régions métropolitaines, proposent moins de cinq actions. Parmi elles, 33 % n’ont pas de CRI.

Chiffres clés

68 %

de l’offre de professionnalisation est portée par les CRI

12 %

par les Carif-Oref

9 %

par les organismes de formation

4%

par les universités

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En grande partie non certifiante et non centrée sur l’illettrisme

L’état des lieux de l’ANCLI met en évidence la très faible part d’actions de professionnalisation spécifiquement dédiées à l’illettrisme et menant à une certification (6 % des 156 actions recensées).

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En effet, « à ce jour, il n’existe plus aucune certification active au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) ou au répertoire spécifique (RS) en lien avec la formation des publics en situation d’illettrisme. Cela ferme notamment la possibilité de financer des parcours d’accès aux certifications existantes via le CPF. ».

Il met aussi en lumière une offre de professionnalisation universitaire certifiante restreinte, avec des formations intégrant plus ou moins largement la problématique de l’illettrisme. Cette situation résulte de la disparition, depuis 2008, de masters ou de diplômes universitaires centrés sur l’illettrisme et du fait que les licences et master actuels proposent prioritairement des entrées Français langue étrangère (FLE) ou Français langue d’intégration (FLI).

Résultat, les formateurs sont souvent amenés à intervenir auprès des publics en situation d’illettrisme sans être pleinement outillés pour les prendre en charge de manière adaptée. Car, les approches pédagogiques entre les publics FLE et les publics en situation d’illettrisme sont différentes.

Les préconisations de l’ANLCI pour développer une offre adaptée dans les territoires

Après analyse des résultats fournis par les organismes de formation, les Centres ressources illettrisme et les Carif-Oref, l’ANLCI préconise d’axer les programmes de professionnalisation sur : l’ingénierie de formation, les processus cognitifs d’apprentissage de l’écrit et la posture d’accompagnement.

Elle invite également à inscrire des certifications spécialisées sur l’illettrisme au RNCP ou au répertoire spécifique afin, notamment, de développer un pôle d’expertise et contribuer à la construction d’une identité professionnelle de formateurs d’adultes en situation d’illettrisme.

Parmi les autres préconisations : interroger la place de la lutte contre l’illettrisme dans les politiques territoriales de formation et distinguer cette dernière des politiques de formation des publics migrants.

Cet état des lieux, couplé à la prochaine enquête « Formation tout au long de la vie » de l’Insee, aboutira à la rédaction d’une note en avril 2024. Elle devrait permettre de réorienter l’offre de formation après une analyse des données par l’Observatoire de l’illettrisme d’ici à septembre 2024, indique Hervé Fernandez, le directeur général de l’ANLCI, dans l’Inffo Formation n°1068.

L’offre nationale de professionnalisation de l’ANLCI

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Votre contact en Bretagne :

Hélène Pesnelle, chargée de mission coordinatrice de l’ANLCI en région Bretagne

Préfecture de Bretagne
3 rue Martenot
35000 RENNES
helene.pesnelle@anlci.gouv.fr

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