Interview. Gaël Le Meur : « Il faut davantage présenter les métiers de la filière halieutique »

Conseillère régionale de Bretagne déléguée aux filières halieutiques et aux formations maritimes et présidente de la commission Économie, Gaël Le Meur fait le portrait de la filière halieutique bretonne. Elle pointe un manque d’information concernant ces métiers.

Que représente la filière halieutique et plus précisément conchylicole en Bretagne, en termes d’entreprises et d’emplois ?

Pour la filière halieutique, on dénombre 4 800 marins pêcheurs en Bretagne, ce qui représente 40 à 45 % des marins de métropole. Il y a 1 200 bateaux de pêche en Bretagne, la pêche est à 98 % artisanale. Les bateaux comptent à leur bord entre un et sept marins. La Bretagne représente à peu près 50 % de la production nationale en termes de tonnage et un petit peu moins en valeur.

C’est une filière essentielle pour la région, extrêmement importante en matière d’économie, mais aussi d’aménagement de territoire. Un emploi en mer génère quatre emplois à terre. Les emplois à terre se retrouvent sur les ports, dans les criées, les entreprises de mareyage, la logistique ou la distribution…

Au niveau de la conchyliculture, la Bretagne se situe au deuxième rang national. Les criées sont disséminées un peu partout sur le littoral. La filière comporte autour de 500 entreprises. On estime qu’elle représente un peu moins de 2 400 emplois.

« On forme de manière insuffisante »

Quels sont les besoins de recrutement en Bretagne ?

C’est un secteur qui recrute de façon saisonnière : il y a des périodes de forte activité. Concernant la culture marine, le travail se réalise à l’extérieur. Les entreprises sont assez dépendantes des marées puisqu’elles travaillent autour des parcs à huitre.

La région possède quatre lycées maritimes qui comptent autour de 500 élèves, toutes formations confondues. Pour les cultures marines, on forme les personnels dans des lycées maritimes et aquacoles (Étel, Saint-Malo) ou au lycée agricole de Bréhoulou à Fouesnant.

 

Les professionnels sont confrontés à un manque de main-d’œuvre. Pourquoi ces métiers rencontrent-ils des difficultés de recrutement ?

De façon générale, pour l’halieutique, on forme de manière insuffisante par rapport aux besoins, du point de vue du renouvellement des générations et du déploiement de l’activité. Cependant, la filière aquacole, les professionnels réussissent parfois à garder les saisonniers.
Malgré l’existence de la plupart des formations sur le territoire breton, la formation professionnelle initiale a du mal à attirer. Il y a un déficit d’image : on entend souvent parler de la filière halieutique au moment des crises sanitaires, des mécontentements par rapport aux règlementations européennes.

On rentre aussi beaucoup dans ces métiers à travers la formation continue dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Il faut que les acteurs, qui œuvrent en matière de formation, d’orientation et d’emploi, présentent davantage ces métiers et les débouchés. Les perspectives d’embauche sont très importantes, les salaires sont corrects et l’ascenseur social est fréquent et notable, surtout pour la partie pêche.

« Une feuille de route sur les formations maritimes »

Quelles sont les actions prévues par la Région afin d’encourager l’orientation et la formation ou pour rendre plus attractifs les métiers dans la filière halieutique ?

Dans le cadre de Qualif Emploi, nous avons un certain nombre de places de formation à l’attention des personnes en reconversion professionnelle. On accompagne aussi les lycées maritimes tant sur leur fonctionnement que sur les investissements. La plateforme IDÉO comporte des présentations pédagogiques des métiers, des informations sur le panel de formation, des témoignages de personnes ou d’élèves en formation.

Par ailleurs, nous travaillons sur une feuille de route sur les formations maritimes. Elle sortira au premier trimestre 2025 et sera présentée en session du Conseil régional. L’idée est de sécuriser le parcours de formation d’un élève ou d’un stagiaire, réfléchir aux freins qu’ils pourraient rencontrer et travailler sur la question de la mixité des publics : ces métiers mériteraient d’être féminisés. Enfin, la question de l’innovation dans les formations est prise en compte.

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