Interview. Retour avec Emmanuelle Sohier sur les Semaines de l’évolution professionnelle et les perspectives pour Avenir Actifs

Depuis le début de l’année 2024, les opérateurs du conseil en évolution professionnelle (CEP) pour les salariés et travailleurs indépendants sont réunis sous la bannière « Avenir Actifs ». Pour mieux comprendre les enjeux du CEP, le GREF Bretagne s’est entretenu avec Emmanuelle Sohier, directrice de projet du réseau Avenir Actifs.

Premier bilan de la 5ᵉ édition des Semaines de l’évolution professionnelle, déploiement d’Avenir Actifs en Bretagne, enjeux liés au Conseil en évolution professionnelle : Emmanuelle Sohier fait le point en cinq questions.

Quel bilan tirez-vous de la 5ᵉédition des Semaines de l'évolution professionnelle qui s'est déroulée du 7 au 18 octobre 2024 ?

Cette 5ᵉ édition organisée par Avenir Actifs et l’APEC a été un succès ! Nous avons observé une hausse impressionnante des inscriptions, avec une augmentation de 83 % par rapport à l’année précédente, atteignant un total de 54 499 inscrits. Bien que le nombre de participants uniques ait légèrement diminué (5 361 personnes), ceux-ci se sont inscrits à plus de webinaires qu’auparavant. Cela témoigne d’un intérêt accru pour la diversité des thèmes proposés.

L’intelligence artificielle a particulièrement suscité l’attention des participants : le webinaire intitulé « Faire de l’IA l’alliée de votre évolution professionnelle » a compté 789 inscrits, soit le plus fort taux de participation de cette édition ! Des thématiques plus classiques, comme « Je valorise mes compétences » (784 inscrits) et « Les métiers de la formation et de l’accompagnement » (724 inscrits), restent également populaires. Et même si les Semaines de l’évolution professionnelle sont terminées, les webinaires sont encore disponibles en replay, permettant à chacun de continuer à se former à son rythme.

Le profil et les besoins des bénéficiaires bretons du Conseil en évolution professionnelle (CEP) ont-ils évolué depuis la création de ce dispositif en 2014 ?

Les profils des bénéficiaires en Bretagne n’ont pas fondamentalement changé depuis le déploiement du CEP dans la région en 2020. Nous constatons que ce sont majoritairement des femmes qui font appel au CEP, plus souvent que les hommes, et que les moins de 35 ans y recourent davantage que les seniors. Les diplômés de niveau Bac et plus sont plus nombreux à utiliser ce service que ceux n’ayant pas le Bac. D’ailleurs, la Bretagne est la région où le taux de recours au CEP est le plus élevé en France. Cela s’explique par le dynamisme économique de la région et le niveau de qualification des actifs, mais aussi par un écosystème de partenaires bien implanté et impliqué.

Quant aux motivations, 56 % des bénéficiaires cherchent à changer de métier ou de secteur, ce qui demeure l’objectif principal. Cependant, 17 % des salariés consultent le CEP pour réfléchir à leur situation sans nécessairement envisager un changement radical. Les autres motivations incluent la création d’entreprise (14 %) et l’évolution interne (7 %).

Avenir Actifs a publié, début octobre, le premier baromètre national sur l’évolution professionnelle. Quels sont ses principaux enseignements ?

Le baromètre révèle que les salariés ressentent intensément les transformations du monde du travail. L’intelligence artificielle générative est perçue comme le principal moteur de ces changements (26 % des actifs), avant l’automatisation (17 %) et la transition écologique (17 %). L’usage du CEP varie beaucoup en fonction du climat économique : nous avons observé une baisse de fréquentation au premier semestre 2024, probablement en raison de l’incertitude économique et politique (inflation, réforme de l’assurance chômage, coût du CPF) qui a freiné certains projets, notamment de création d’entreprise.

On observe aussi une évolution dans la représentation de l’évolution professionnelle. Après la période post-COVID, où le bien-être et l’équilibre vie pro-vie perso étaient prioritaires, les salariés se concentrent désormais davantage sur des aspects tels qu’une meilleure rémunération (20 %), des responsabilités et des changements de statut. Le changement de métier ne représente que 6 % des motivations actuelles et l’équilibre vie-travail en compte 8 %.

Enfin, plus des deux tiers des salariés bretons envisagent une évolution professionnelle dans les deux prochaines années, dont 34 % de manière certaine. Ce baromètre met également en évidence un manque de notoriété du CEP pour l’évolution interne : les salariés le perçoivent plus comme un service de reconversion ou de création d’entreprise, moins pour des réflexions sur leur progression au sein de leur entreprise. Changer cette perception est un enjeu prioritaire pour nous.

Quelles sont, sur 2024-2027, les principales évolutions en termes d’offre de services et de modalités d’accompagnement des salariés et des entreprises ?

En 2024, nous avons déployé la nouvelle identité « Avenir Actifs » dans toute la France, ce qui renforce la visibilité et la cohérence du réseau piloté par France Compétences. En Bretagne, nous avons ouvert 12 nouveaux sites en janvier, portant à 38 le nombre de lieux d’accueil. Nous avons aussi élargi nos horaires, incluant le midi, le soir et le samedi matin, pour faciliter l’accès des salariés au service.

Des ateliers en ligne viennent compléter les entretiens individuels, et ceux portant sur la confiance en soi ou l’utilisation de LinkedIn rencontrent un grand succès. Ces ajustements répondent aux besoins croissants des actifs pour des services accessibles et diversifiés.

Quels sont les projets phares actuellement développés ou à venir avec les autres acteurs bretons de l'emploi et de la formation ?

Nous avons plusieurs projets en cours et à venir avec les acteurs locaux. Par exemple, la Chambre de métiers de l’artisanat de Bretagne rejoindra notre réseau en 2025 et interviendra sur de nouveaux sites.

En décembre, nous participerons aussi à la Semaine des transitions professionnelles.

Un observatoire du CEP est en cours de structuration. Il permettra d’étudier les usages et le non-recours au service, afin d’ajuster nos actions et d’améliorer la qualité du service. En parallèle, nous poursuivons des collaborations avec la Région Bretagne dans le cadre d’IDÉO et avec Transitions Pro Bretagne et les OPCO pour développer des actions à destination des entreprises. Nous collaborons également avec les acteurs de la santé au travail, de la désinsertion professionnelle et des services sociaux pour toucher des publics plus variés.

En 2025, nous prévoyons d’étendre nos partenariats et de diversifier encore les services pour répondre aux différents projets de carrière des salariés bretons.

Aller plus loin

Mon conseil en évolution professionnelle pour les salariés et indépendants en Bretagne : le site d'Avenir Actifs

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Avenir Actifs

Baromètre Avenir Actifs Bretagne sur l’évolution professionnelle des actifs salariés et indépendants en 2024

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Page LinkedIn Mon CEP en Bretagne par Avenir Actifs

Toute la veille du GREF Bretagne sur le CEP

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