La formation des personnes détenues en Bretagne : décryptage

Depuis bientôt dix ans, le Conseil régional de Bretagne élabore le programme et le cahier des charges des formations dispensées en prison, en assure le financement et le suivi de sa mise en œuvre. Présentation de sa politique de formation des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) et écrouées.

La politique de formation des personnes placées sous main de justice (PPSMJ) est, depuis le 1ᵉʳ janvier 2015, une compétence des Conseils régionaux. Depuis près de dix ans, la Région Bretagne a financé près de 210 actions de formations pour un montant de 9,2 millions d’euros. Son action a permis à 5 000 stagiaires de suivre une formation. Donner la possibilité de se former, tout comme celle de travailler, est un levier incontournable pour la réinsertion et donc, la lutte contre la récidive. Le point sur l’action du Conseil régional de Bretagne.

Qui sont les personnes détenues ?

Portrait sociologique des personnes détenues en Bretagne

Carte d’implantation des établissements pénitentiaires bretons

La feuille de route bretonne

La feuille de route pluriannuelle du Conseil régional de Bretagne s’articule autour de sept principes directeurs.

Les principes directeurs de la feuille de route bretonne de la politique de formation des personnes détenues

Une synergie d’acteurs pour co-construire cette politique publique

Si la formation des personnes placées sous main de justice est une compétence régionale, elle est élaborée et mise en œuvre avec de nombreux partenaires. Au cœur de ce dispositif, la personne détenue est actrice de son projet d’insertion professionnelle.

cartographie des acteurs bretons mobilisés pour la formation des personnes détenues

Prochain appel d’offres breton pour début 2025

procédure d’élaboration de l’appel d’offres régional pour la formation des personnes détenues

Plus de 20 actions de formation proposées en 2023-2024

L’offre de formation bretonne se compose de thématiques pérennes et d’actions expérimentales. Peu de formations certifiantes sont proposées en raison de la courte durée moyenne des peines (quatre mois) et du niveau de qualification moyen.

Le certificat CléA se pose comme une formation indispensable, préalable au travail en prison ou à la formation, pour une large partie du public placé sous main de justice. En effet, ce dernier a peu ou pas d’expérience professionnelle et un faible niveau de qualification, analyse Fabienne Martin-Goudet, responsable de dispositifs de formation PPSMJ à la Région Bretagne.

L’offre de formation bretonne pour les personnes détenues

500

places annuelles de formation dans les prisons bretonnes

200 000€

de rémunération des stagiaires en 2023

1,3

million d’euros d’achat de formation en 2023

De l’information à la formation au sein des établissements pénitentiaires

Le parcours d’entrée en formation en milieu carcéral

L’entrée en formation pour une personne détenue est constituée de plusieurs jalons : information, entretiens, tests et étude du dossier. Le parcours d’entrée en formation en milieu carcéral

La commission pluridisciplinaire unique (CPU) étudie, au regard du parcours de détention de chaque candidat, toutes les données recueillies lors de ce parcours. C’est elle qui valide, ou non, l’entrée en formation.

 

Des modalités pédagogiques expérientielles

Des mises en situation pratique type « chantiers école » leur sont proposées au sein des prisons. Au Centre pénitentiaire des femmes de Rennes, les stagiaires se formant au métier d’agente de maintenance des bâtiments ont rénové le gymnase. Un projet de rénovation pourrait également être mené à l’unité de vie familiale (UVF).

Les personnes détenues peuvent aussi se former par alternance. Chaque année, une quarantaine d’entre elles bénéficient d’une autorisation de sortir pour effectuer un stage en entreprise. Deux facteurs expliquent cette faible proportion :

  • Toutes les formations ne sont pas éligibles à l’alternance. C’est notamment le cas de CléA, de la formation de réparation de smartphone.
  • Toutes les personnes détenues ne sont pas permissionables. Cela dépend de l’état d’avancement de leur parcours d’exécution de peine.

Et après la formation ?

Un objectif de 50 % de personnes détenues en emploi ou en formation d’ici à 2027

« Du fait du droit à l’oubli, il n’existe pas de statistiques sur l’insertion post-formation des personnes détenues », rappelle Fabienne Martin-Goudet. Mais cette insertion peut prendre différentes formes, explique-t-elle :

  • Un accès au travail en prison par l’acquisition de nouvelles compétences. Par exemple, un classement au travail en cuisine après une préqualification aux métiers de la cuisine.
  • Un aménagement de peine pour poursuivre une formation CléA (commencée à l’intérieur de la prison et poursuivie à l’extérieur).
  • Une entrée en formation, à la libération, sur les dispositifs PREPA ou Qualif Emploi.
  • Un emploi à la sortie de la prison.

La question de la formation des détenus est un enjeu de politique publique.

Au niveau national, un groupe de travail a vu le jour au sein de Régions de France. Il rassemble les responsables de formation des PPSMJ et se réunit tous les deux mois.

Par ailleurs, la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) a sollicité le Réseau des Carif-Oref (RCO) — auquel appartient le GREF Bretagne — pour effectuer la collecte des formations et leur qualification sur le territoire. L’objectif est d’alimenter les systèmes d’information Agora, géré par la Caisse des dépôts, et Ipro 360°, géré par l’Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle (Atigip).

Vous souhaitez en savoir plus sur les conditions d’exercice du métier de formateur intervenant en prison ? Découvrez, dans les prochaines semaines, nos interviews de l’entreprise d’insertion Préface et d’une formatrice du CLPS de Brest.

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