La réinsertion des jeunes dans les travaux forestiers, une démarche à découvrir
Découvrez le témoignage de Caroline Petit, chargée de projet de l’association, sur les actions mises en œuvre et les apports du PIC
Le projet en bref
Il s’agit d’un dispositif transitoire de repérage, d’accueil, de remobilisation et d’accompagnement de jeunes de 16 à 30 ans, en errance ou en début de processus de marginalisation ; c’est un projet d’insertion basé sur des pratiques professionnelles lors de chantiers forestiers associatifs dans un cadre souple et structuré mené dans la vallée de Milina ar Faou, à Lannion, Côtes d’Armor et Communauté d’agglomération de Lannion-Trégor.
La tribu de Tachenn est lauréate de l’appel à projets du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC) Repérer et mobiliser les publics « invisibles » et en priorité les plus jeunes d’entre eux.
Les projets financés par le PIC encouragent l’expérimentation en développant les partenariats avec l’ensemble des acteurs de terrain.
L'historique du projet
L’association a été créée en 2015, en partenariat avec le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) et avec un groupe de jeunes à la rue, qui n’étaient pas dans les dispositifs de droit commun. Le projet s’est fondé grâce à un binôme composé de Caroline Petit, travailleuse sociale au CCAS et Kevin Guignard, un bûcheron. Depuis des années, la vallée de Milina ar Faou, à Lannion, était livrée à l’abandon. La Tribu de Tachenn a impulsé des chantiers de sylviculture et de charpente durant 8 semaines par an. Depuis, le chantier est passé de 8 à 16 semaines.
L’objectif de l’association est de s’adapter aux besoins de ce public souhaitant un mode de vie alternatif. C’est pourquoi en retour, le permis de conduire est financé. Ainsi les personnes sont autonomes et peuvent acheter un camion pour y vivre, se déplacer et chercher un emploi. La formation en sylviculture permet par ailleurs de travailler dans le monde entier dans le domaine forestier. Le projet joue également un rôle pour la collectivité en permettant la valorisation d’un espace naturel délaissé et la production d’équipements professionnels en bois.
L'accompagnement et les actions de repérage
69 jeunes ont été suivis, dans des parcours plus ou moins longs selon leurs projets (d’une 1 semaine, à 3-4 ans). Certaines personnes peuvent directement rejoindre des artisans et d’autres ont besoin d’un temps plus long car les freins périphériques sont importants (hébergement, santé mentale, des personnes placées par les services sociaux durant l’enfance, etc.)
Les chantiers accueillent entre 12 et 18 personnes maximum, selon le nombre d’encadrants pour des raisons de sécurité. Actuellement, il y a 10 personnes en bûcheronnage et 6 en charpente.
Le sourcing se réalise grâce aux partenaires, à la prévention spécialisée de quartier, au 115 le Samu social, au bouche-à-oreille entre pairs dans la rue ou lors de travaux d’intérêts généraux. Il y a un partenariat solide avec la Mission Locale car la Tribu peut y orienter des personnes qui n’étaient pas suivies. Inversement, la Mission Locale peut leur adresser des personnes ; à l’instar du CCAS, du service pénitentiaire d’insertion et de probation ou encore du collectif de soutien aux sans-papiers. Parfois, ce sont des parents qui contactent la Tribu en direct car l’association est bien connue, notamment grâce à des articles de presse.
L'apport du PIC
Le PIC a apporté un changement de taille : le financement a permis d’embaucher du personnel. En effet, auparavant, il n’y avait aucune personne salariée. Caroline Petit est mise à disposition par le CCAS, Kevin Guignard, bûcheron et Thomas Bauer, charpentier sont des prestataires de services. Ce fonctionnement permet d’optimiser les charges.
Désormais, Coralie, une jeune issue de la rue, a pu être embauchée en tant que travailleuse paire grâce au contrat Parcours Emploi Compétences (PEC). Sa présence est d’autant plus facilitante qu’elle connait très bien le public. Ensuite, Maïwenn a rejoint l’équipe en contrat d’apprentissage (formation d’éducatrice spécialisée) ainsi que 2 personnes en Service Civique. Par ailleurs, Kevin et Thomas ont embauché des jeunes en contrat d’apprentissage. Toute une dynamique salariale s’est ainsi enclenchée autour du projet.
Les impacts du COVID et les prochaines étapes
Toutes les structures étatiques étaient fermées, accroissant ainsi la présence des jeunes. Il y a également eu davantage de problèmes de dépendance, d’addiction et d’isolement. La Tribu a mis en place des semaines de chantier supplémentaires afin de proposer des activités.
Avec la crise sanitaire, une demande de prolongation a été possible. Cela permettrait de réaliser un projet immobilier. La Tribu est implantée dans une vallée de 5/10ha mais n’a pas véritablement de locaux ou de bureaux. Il y a une déchetterie proche et ce bâtiment permettrait d’accueillir des jeunes en système caravaning, afin de travailler sur l’hygiène, le soin et faire des ateliers mécanique, stockage du bois, charpente, etc.
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