L’accès à la retraite : une réalité pour tous les seniors ?

Après un début d’année 2023 marqué par la réforme de la retraite, l’Insee et France Stratégie publient deux analyses qui mettent en avant l’emploi des seniors et les différentes réalités de la fin de la vie active.

En 2021, 16% des personnes âgées de 55 à 69 ans ne sont ni en emploi ni à la retraite (NER), selon l’Insee. Le terme Ni en emploi ni à la retraite (NER) rassemble les situations de chômage ou d’inactivité (hors retraite) en fin de carrière professionnelle.

L’analyse de la fin de carrière professionnelle zoome sur les sorties précoces de l’emploi, c’est-à-dire, les sorties hors retraite et pré-retraite. Chaque année, environ 30% des départs en fin de carrière sont concernés, selon France Stratégie, soit 171 000. Il s’agit de départs pour raison de santé, de chômage et d’inactivité (hors santé).

Quelles sont les populations les plus à risque de décrochage de l’emploi en fin de carrière ? Quels sont les métiers les plus concernés par les sorties précoces de l’emploi ? En Bretagne quelle place occupent ces métiers ?

Le fait d’être une femme, de ne pas avoir de diplôme, ou d’avoir des problèmes de santé chroniques ou durables sont corrélés au fait de n’être ni en emploi ni en retraite. Les femmes représentent 59% des 55-61 ans ni en emploi ni en retraite. 63% des NER souffrent de problèmes de santé chroniques ou durables. Par ailleurs, 42% ne détiennent aucun diplôme. En comparaison, parmi les 55-61 ans en emploi, 51% sont des femmes, 35% connaissent des problèmes de santé et 20% n’ont validé aucun diplôme.

Entre 55 et 69 ans, les personnes sont principalement à la retraite ou en emploi. Mais la situation varie selon les âges. De 20% à 55 ans, la part de NER augmente à l’approche de l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite et atteint 28% à l’âge de 61 ans. En revanche, en lien direct avec l’augmentation des départs à la retraite, elle diminue à partir de 62 ans et chute à 3% à 69 ans.

Les raisons de santé sont évoquées pour 10% des sorties précoces de l’emploi. Le chômage représente 4% de ces sorties. Les autres situations d’inactivité en représentent 15%.

Les raisons de sorties précoces diffèrent selon les métiers et peuvent être reliées aux conditions de travail et aux modes de gestion de la main-d’œuvre :

• plus de chômage dans les métiers où les seniors sont en contrat à durée limitée ;
• plus de sortie pour maladie ou invalidité dans les métiers les moins qualifiés exposés à des conditions de travail difficiles ;
• plus de sorties pour inactivité (hors santé) parmi les non-salariés.

Une inégalité dans les métiers

Les sorties précoces de l’emploi ne concernent pas tous les métiers. Les plus concernés se trouvent dans l’hébergement-restauration, le bâtiment, les services aux particuliers et aux collectivités et la manutention. Dans ces métiers, plus de 4 départs sur 10 sont des sorties précoces de l’emploi. Dix de ces métiers (symbolisés par le pictogramme ) sont exercés par les travailleurs qui déclarent le plus souvent « ne pas se sentir capables de faire le même travail jusqu’à la retraite ».

En Bretagne, 35% de la population est âgée de 55 à 69 ans. Selon les données du recensement, 1 sur 3 est en emploi. Ils représentent 16% des actifs en emploi.

225 000 Bretons occupent un des 15 métiers les plus exposés aux risques de sorties précoces de l’emploi. Parmi eux, 34 000 ont plus de 55 ans.

Sur la plupart de ces métiers, l’enjeu de diminution des sorties précoces est couplé à l’enjeu de difficulté de recrutement, tant au niveau national qu’au niveau régional.

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