Le transport routier face au défi de la fidélisation des conducteurs 

Quelles sont les causes du turn-over dans le transport routier de marchandises ? Comment renforcer l’attractivité du secteur et fidéliser les conducteurs ? Éléments de réponse dans une étude-action menée par l’Association pour le développement de la formation professionnelle dans les transports (AFT) et l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact).   

Dynamique malgré les crises successives, le transport routier de marchandises connaît d’importants besoins de recrutement. En effet, les départs à la retraite ne sont actuellement pas compensés. Le secteur souffre également d’un important turn-over : 21 % en 2022, selon l’Observatoire prospectif des métiers et des qualifications dans les transports et la logistique (OPTL). Afin d’identifier les motifs de départ des salariés et pouvoir y remédier, l’AFT et l’Anact ont décidé de mener une étude-action. Quels en sont ses enseignements ?   

Une enquête nationale pour mieux cerner les besoins et attentes des nouvelles recrues 

Cette étude-action repose sur les résultats d’une enquête menée, au premier semestre 2024, auprès de 1 271 personnes ayant suivi, en 2019, dans le cadre d’une reconversion professionnelle ou d’une entrée tardive dans le métier, la formation de conducteur de transport routier de marchandise. 22 % d’entre eux ont démissionné au moins une fois au cours des cinq dernières années. Mais cinq ans après leur formation, 76 % des sondés sont encore en poste.  

Cette enquête délivre des enseignements importants pour identifier les atouts et les contraintes du métier et ainsi comprendre les leviers à activer pour fidéliser les personnels.   

Les défis multidimensionnels du recrutement et de la fidélisation des conducteurs de transport de marchandises 

Elle révèle que les défis de fidelisation des conducteurs ne se limitent pas aux seules conditions d’emploi. En réalité, les facteurs liés aux conditions de travail (tels que l’insuffisance de moyens matériels) et aux pratiques managériales (incluant la rémunération, la reconnaissance professionnelle ou les perspectives d’évolution) jouent également un rôle crucial. Ces contraintes tendent à s’intensifier avec le temps, suggérant un possible phénomène d’épuisement professionnel. C’est notamment le cas avec les tâches de manutention, comme le chargement et le déchargement.  

Le métier de conducteur de transport de marchandises a toutefois des atouts. Il séduit avec l’autonomie qu’il procure (72 % des sondés), son salaire (50 %), les relations avec la clientèle, le fait de conduire et d’entretenir son véhicule (49 %), ou encore son côté non routinier.   

Infographie transport routier – chiffres clés

Outre les conditions de travail, le profil des futurs professionnels est aussi à prendre en compte. Leurs motivations sont diverses. 61 % d’entre eux arrivent dans ce métier après une démarche de reconversion. Certains découvrent le secteur. D’autres étaient auparavant éloignés du monde du travail. Autant de facteurs qui peuvent directement impacter à court terme l’employabilité et, par conséquent, les parcours de formation et d’intégration en entreprise.  

La majorité des embauches s’est réalisée via des canaux informels, principalement le bouche-à-oreille et les candidatures spontanées. Les méthodes plus conventionnelles ont joué un rôle mineur dans le processus de recrutement : les plateformes de recrutement n’ont contribué qu’à 11 % des embauches, France Travail à 6 % et les organismes de formation à 4 %.  

Lorsqu’ils quittent le métier, 11 % des salariés trouvent un autre emploi, tandis que 4 % sont en recherche active d’un poste. Certains se réorientent vers le métier de conducteur de transports en commun (1 %), d’autres reprennent une formation ou leurs études (1 %), d’autres encore partent à la retraite (1 %).  

Deux expérimentations régionales pour améliorer l’attractivité du transport routier de marchandises 

À la suite de ces constats, deux expérimentations seront menées, dès 2025, par les Aract (Agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail) Bretagne et Nouvelle-Aquitaine. 

Associant entreprises de transport routier de marchandises, fournisseurs, clients et acteurs territoriaux structurant les filières volontaires, elles doivent permettre de développer des outils pour améliorer les conditions de travail. L’objectif : instaurer un environnement plus attractif et durable pour les conducteurs et leurs collègues.  

Aller plus loin 

Réduire le turn-over dans le transport routier de marchandises et stimuler son attractivité” - étude AFT - Anact

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AFT Anact, 2024  

Les entreprises du transport et de la logistique recherchent des candidats   

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GREF Bretagne, 10/2024  

Toute la veille du GREF Bretagne sur le transport logistique 

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