Les besoins en personnel pour accompagner les personnes âgées dépendantes

Le vieillissement de la population française va s’accentuer dans les prochaines années : en 2030, près de 21 millions de seniors âgés de 60 ans ou plus vivront en France, dont 1 166 000 en Bretagne. L’accompagnement des personnes âgées en perte d’autonomie est un enjeu crucial pour les années à venir.

Leur prise en charge implique des besoins en personnel importants, différenciés en fonction : 

• du niveau de dépendance ; 

• du lieu de vie (à domicile ou hébergement en établissement d’accueil pour personnes âgées).  

Les estimations réalisées dans le cadre de cette étude permettent d’évaluer le besoin en personnel en équivalent temps plein (ETP). Celles-ci peuvent être utilisées pour construire des projections afin de connaitre les effectifs nécessaires pour les années futures.  

La grande majorité des personnes âgées résident à domicile, même lorsqu’elles sont en situation de perte d’autonomie. Il s’agit d’une volonté des seniors de « vieillir à domicile aussi longtemps que possible ».  

En 2021, 786 000 seniors étaient bénéficiaires de l’Aide personnalisée d’autonomie (APA) à domicile, dont près de 34 000 en Bretagne. L’APA peut aider à financer l’intervention d’aides à domicile, le portage de repas, certains matériels adaptés… Dans plus de neuf cas sur dix, l’allocation est utilisée pour rémunérer le personnel intervenant au domicile des bénéficiaires.  

En 2021, 19,7 millions d’heures ont été consommées chaque mois par les allocataires. Ce nombre d’heures varie fortement en fonction du niveau de dépendance de la personne en perte d’autonomie : 16 heures par mois pour les individus ayant un niveau de dépendance très modéré, contre 61 heures pour ceux en situation de dépendance la plus sévère.  

En 2021, 180 000 ETP d’aide à domicile étaient nécessaires pour répondre aux besoins d’aide humaine couverts par l’APA à domicile, soit 0,2 ETP par bénéficiaire.  

Les heures réalisées sont le temps effectif de l’intervention à domicile. Néanmoins, d’autres temps viennent s’ajouter, comme les temps de trajets ou encore les battements entre deux interventions. Ces temps hors intervention sont estimés à 38 % supplémentaires. Les horaires d’interventions sont souvent contraints à des moments clés de la journée : aide au lever ou au coucher, au repas… 

En 2019, 730 000 personnes vivaient en établissement pour personnes âgées, dont près de 38 000 en Bretagne. La plupart (80%) sont accueillies en Ehpad (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Néanmoins, d’autres types de structures peuvent accueillir les seniors en perte d’autonomie : résidences autonomie, Ehpa (Établissements d’hébergement pour personnes âgées, structures peu ou non médicalisées), USLD (Unités de soin longue durée, qui dépendent de l’hôpital) ou encore des services d’accueil de jour.  

La perte d’autonomie est souvent plus importante pour les bénéficiaires de l’APA en établissement résidant en Ehpad. En effet, un résident sur deux est en situation de dépendance sévère (contre 20% des bénéficiaires de l’APA à domicile).  

En 2019, près de 508 000 personnes étaient employées dans un établissement pour personnes âgées, soit 437 000 ETP répartis entre : 

• « Personnel soignant quotidien » (aide-soignant, accompagnant éducatif et social) 

• « Personnel soignant spécialisé » (infirmier, médecin généraliste, médecin spécialiste…) 

• « Personnel non soignant » (assistant de service social, personnel administratif…). 

L’étude estime le besoin en personnel à 0,7 ETP par résident en établissement (hors résidence autonomie). 

Dans ces établissements, l’encadrement varie fortement en fonction du type de structure (qui accueille des individus plus ou moins dépendants) mais également de la taille de cette dernière. Dans les Ehpad, les aides-soignants et les infirmiers représentent près de 50 % des ETP.  

Dans certaines structures, des prestations (blanchisserie, ménage, cuisine…) peuvent être externalisées et ne sont alors pas comptabilisées dans les ETP. 

Le modèle LIVIA (Lieux de vie et autonomie) de la Drees et de l’Insee permet de réaliser des projections du nombre de personnes âgées de plus de 60 ans jusqu’en 2050 en fonction du niveau de dépendance et du lieu de vie au niveau national, régional et départemental. 

Selon ce modèle, la Bretagne verrait, entre 2021 et 2030, une évolution du nombre de bénéficiaires de :

• plus de 4 000 personnes pour l’APA à domicile ;  
• plus de 5 000 individus pour l’APA en établissement.  

L’augmentation du volume d’activité s’élèverait alors à près de 4 500 ETP, en se basant sur le besoin moyen en ETP calculé par la Drees et l’IPP dans l’étude. Cette hausse concernerait principalement les établissements pour personnes âgées (hors résidence autonomie) avec une estimation de +3 660 ETP nécessaires entre 2021 et 2030.