L’expérimentation Reva préfiguratrice du service public de la VAE
Élément clé de l’évolution professionnelle des salariés, la Validation des acquis de l’expérience (VAE) doit se transformer pour plus d’efficience. Le processus de modernisation, amorcé avec la loi de décembre 2022, s’appuie également sur l’expérimentation nationale Reva. Visant à simplifier et à accélérer la certification des compétences professionnelles par la VAE, elle s’achève fin juin 2023. Ses réussites sont une base solide pour construire le futur service public de la VAE. À quoi pourrait-il ressembler ? Le rapport intermédiaire de l’expérimentation apporte des éclairages.
Créée en 2002, la validation des acquis de l’expérience (VAE) est encore sous-utilisée du fait de sa complexité et sa durée. Seuls 30 000 parcours sont entamés chaque année. Le rapport Rivoire, puis la loi de décembre 2022, posent les bases de la réforme du dispositif pour l’ouvrir à un système de reconnaissance plus globale.
L’expérimentation Reva découle de deux phases lancées en 2021-2022 sur trois régions et quelques certifications, et 2022-2023 au niveau national. Terminée en juin 2023, elle a concerné, lors de sa dernière phase, plus de 2 700 personnes et 19 certifications menant à des métiers en tension des champs du sanitaire et social, de la petite enfance ou de l’économie sociale et solidaire. Ses réussites — décrites dans le rapport intermédiaire d’évaluation (accès simplifié, modernisé et fluidifié au dispositif de reconnaissance des compétences) — sont des bases pour le futur service public de la VAE. L’objectif gouvernemental est d’atteindre 100 000 VAE engagées, chaque année, à la fin 2026.
Vers une reconnaissance de l’expérience
Reva 2, qui a concerné plus de 2 700 personnes, avait pour objectif de simplifier l’étape de la recevabilité, d’optimiser l’organisation des jurys et d’accélérer la certification des compétences professionnelles. Elle devait faire évoluer le postulat de validation des compétences vers une reconnaissance de l’expérience.
Futur service public de la VAE
Selon la loi de décembre 2022, le service public de la VAE a pour mission d’« orienter et d’accompagner toute personne demandant la validation des acquis de son expérience et justifiant d’une activité en rapport direct avec le contenu de la certification visée ». Porté par un groupement d’intérêt public (GIP) national, ce dernier contribuera :
- à l’information des personnes, leur orientation dans l’organisation de leur parcours, la promotion de la VAE, l’animation et la cohérence des pratiques sur l’ensemble du territoire ;
- au suivi statistique.
Si l’État, les Régions, Pôle emploi, l’Afpa, les Opco et les associations Transition Pro en seront membres de droit, d’autres personnes morales, publiques ou privées, pourront y adhérer.
Entrant en vigueur au 1ᵉʳ juillet 2023, le service public de la VAE aura pour mission — selon le rapport intermédiaire de Reva 2 — d’assurer l’égalité de traitement des candidats pour leur permettre de faire un choix éclairé en étant « acteurs » de leur parcours. Il se concrétisera par une plateforme numérique.
Une plateforme du service public de la VAE
La plateforme du service public de la VAE s’inspirera de https://reva.beta.gouv.fr/, utilisée lors de l’expérimentation Reva. Progressivement déployée en juillet 2023, elle proposera, dans un premier temps, plus de 200 certifications professionnelles dans les secteurs du sanitaire et social, du sport, de la grande distribution et de la métallurgie.
À l’instar de la plateforme expérimentale, elle permettra de promouvoir et suivre les parcours, de renforcer le lien entre le candidat et l’accompagnateur. Elle recensera également les Architectes accompagnateurs de parcours (AAP), une nouvelle fonction née de l’expérimentation Reva 2.
Les AAP, maillons essentiels du futur service public de la VAE
L’expérimentation Reva ayant mis en lumière le succès d’un parcours sans couture avec un référent unique, le service public de l’emploi devrait poursuivre avec ce mode de fonctionnement. Il s’appuiera sur des Architectes accompagnateurs de parcours (AAP), une fonction que le rapport suggère de créer.
Les profils des AAP sont divers (spécialistes de l’accompagnement — VAE, CEP, certificateurs, etc.) Ils détiennent aussi des compétences généralistes, spécialisées ou de filières. Ces professionnels accompagneront le candidat tout au long de son parcours : orientation, accompagnement, construction du parcours et réalisation du dossier de validation.
Ils sécuriseront les parcours et éviteront les ruptures en permettant à chaque candidat de faire un choix libre et éclairé et d’être acteur de son parcours. Les AAP les aideront à identifier les expériences et compétences acquises permettant de viser une certification, complète ou partielle. Et leur proposeront, si besoin, des formations complémentaires. Leurs missions seront prochainement détaillées par décret.
Les structures déjà titulaires d’une labellisation qualiopi VAE (2 750 actuellement) seront référencées sur la plateforme du service public de la VAE.
« Structurer un modèle de reconnaissance des compétences transverses »
Le rapport intermédiaire formule également des propositions en matière de certification partielle par blocs de compétences, de schéma de financement, d’organisation des jurys, etc. Il invite aussi à la mise en œuvre d’un travail avec Pôle emploi pour « structurer un modèle de reconnaissance des compétences transverses. »
Rapport final en juillet, décrets de mise en œuvre à la rentrée
Le rapport final de l’expérimentation Reva est attendu pour juillet 2023. Les décrets de mise en œuvre de la réforme de la VAE sont attendus pour la rentrée de septembre, a annoncé Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels auprès du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse.
Outre Reva, la modernisation et simplification de la VAE s’appuie également sur l’expérimentation de la VAE inversée.