L’industrie agroalimentaire face au défi de la formation des salariés les moins qualifiés
Avec près de 440 000 salariés en 2020, l’industrie agroalimentaire (IAA) constitue le premier secteur industriel français. Souffrant d’un déficit d’image et d’un turn-over, elle peine à recruter et à fidéliser ses salariés, notamment les moins qualifiés. Comment les forme-t-elle ? Une étude du Céreq fait le point.
Organisée en 17 branches professionnelles, l’industrie agroalimentaire française (IAA) est majoritairement composée de petites et moyennes entreprises (PME). En prise avec les évolutions technologiques, réglementaires, environnementales et concurrentielles, elle se transforme.
L’IAA emploie une part importante de salariés faiblement qualifiés (45%) et de saisonniers. Quels sont les dispositifs de formation mobilisés par l’industrie et du commerce en gros des viandes (ICGV), de la boulangerie industrielle, des produits élaborés et des industries alimentaires diverses pour accompagner leur évolution professionnelle et sécuriser leurs parcours ? Une étude du Céreq fait le point.
Portrait de l’IAA en France
Quels sont les emplois faiblement qualifiés de l’IAA ?
Dans les IAA, la dénomination des métiers n’établit pas clairement de distinction entre les emplois peu qualifiés et qualifiés. Néanmoins, les opérateurs de production, conducteurs de machines, opérateurs logistiques ou de transformation des viandes sont considérés comme étant des emplois de premier niveau de qualification.
Ces postes, caractérisés par des tâches répétitives sous contrainte de temps, nécessitent rigueur, rapidité et capacité d’adaptation. Ils sont soumis à divers critères de pénibilité (environnements de travail froids, chauds ou humides, travail debout, manutentions de charges…).
Ces emplois, composés pour une grande part des contrats CDD et intérim, souvent utilisés pour faire face aux pics de production ou pour présélectionner des candidats. Bien qu’ils puissent déboucher sur des CDI, ils restent fortement exposés à la précarité.
La formation des salariés faiblement qualifiés, une priorité d’Ocapiat
La formation des salariés de premiers niveaux de qualification est l’une des priorités de l’OPCO Ocapiat.
Elle est notamment un élément essentiel de la Charte emploi 2022-2024 dans l’IAA que pilote Ocapiat. Elle doit permettre d’améliorer l’attractivité de la filière, de développer la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et de sécuriser les parcours professionnels des salariés.
Les entreprises agroalimentaires peuvent mobiliser plusieurs dispositifs de formation : les certificats de qualification professionnels (CQP) des branches professionnelles du périmètre d’Ocapiat, le titre professionnel d’opérateur de transformation en industrie alimentaire (OTIA), le tutorat et le plan de développement des compétences.
Les certificats de qualification professionnelle (CQP) et le titre OTIA ont une place centrale dans les politiques sectorielles et de branche :
- Les CQP sont utilisés pour valider les acquis professionnels des salariés, y compris les saisonniers. Ils participent à la sécurisation des parcours professionnels et favorisent la mobilité, la reconnaissance des compétences et l’employabilité des salariés.
99 CQP sont recensés dans le champ professionnel couvert par Ocapiat. Parmi eux, 13 sont transversaux : ils sont accessibles aux nouveaux entrants, notamment dans le cadre de l’alternance. - Le titre professionnel d’opérateur de transformation en industrie alimentaire (OTIA) : s’adresse aux salariés peu ou pas qualifiés ou en reconversion. Il permet d’acquérir des compétences dans les domaines de la sécurité, de l’hygiène et des techniques de production spécifiques à la filière. Au total, depuis bientôt dix ans, près de 6 000 personnes ont suivi ce titre professionnel.
Selon l’étude, le titre professionnel OTIA poursuit le double objectif de « ne laisser personnes sans qualification » et de « reconnaître les compétences des sortants des entreprises du secteur pour favoriser leur mobilité professionnelle tout en permettant aux branches de l’industrie agroalimentaire de faire face à leurs besoins de main-d’œuvre ».
Les dispositifs de formation dans l’industrie de la viande
L’étude du Céreq se concentre plus spécifiquement sur l’industrie et le commerce en gros des viandes (ICGV), en raison du « caractère exemplaire de sa politique paritaire en direction des salariés en emploi peu qualifié ».
Du fait de l’absence de diplômes spécifiques aux métiers de ce secteur, la formation se déroule au sein des entreprises. Elle s’appuie sur :
- le titre professionnel d’opérateur de transformation en industrie alimentaire (OTIA) pour les salariés peu ou pas qualifiés ou en reconversion.
- le parcours professionnel individualisé (PPI). Proposé après l’intégration du salarié, ce dispositif de formation continue articule professionnalisation, certification et classification. En 2021, en France, 69 salariés d’une quinzaine d’entreprises en ont bénéficié.
- les CQP. Ceux spécifiques à la branche de l’industrie de la viande ne sont accessibles qu’après deux ans d’ancienneté.
La Bretagne, première région de France en nombre d’emplois agroalimentaires
En 2021, selon les données de Focus Emploi-Formation Bretagne, plus de 76 000 salariés, soit 6 % de la population salariée bretonne, travaillent, en 2021, dans l’industrie et l’artisanat alimentaires. 10 % d’entre eux sont employés dans une entreprise de moins de dix salariés.
Cette industrie est répartie quasi équitablement sur le territoire breton : 27 % des emplois sont concentrés en Ille-et-Vilaine, 26 % dans le Morbihan, 24 % dans le Finistère et 23 % dans les Côtes-d’Armor. Toutefois, dans les Côtes-d’Armor, la part des salariés de ce secteur est 1,4 fois supérieure à la part bretonne.
75 % des offres d’emplois sont, en 2023, des CDI.
Et les salariés ? 29 % ont plus de 50 ans, 43 % sont des femmes, 56 % sont des ouvriers, 37 % ont un niveau CAP-BEP
L’enquête Besoins en main-d’œuvre 2024 de France Travail éclaire sur les projets de recrutements bretons et les difficultés de réalisation.
Par ailleurs, près de 1 600 recrutements d’ouvriers qualifiés dans l’IAA sont également espérés cette année en Bretagne. La difficulté de les mener à bien est évaluée à 82,3 %. 17,7 % de ces emplois sont des contrats saisonniers.