L’industrie bretonne : un pilier économique à réinventer

Réalisé par le Ceser Bretagne, ce rapport s’inscrit dans un contexte de crises multiples (Brexit, COVID-19, conflits internationaux) et d’urgence climatique. Ces événements ont mis en lumière l’importance du tissu industriel breton et la nécessité de repenser les stratégies régionales de production et d’approvisionnement. 

Prolongeant l’étude de 2015 « Pour des activités industrielles créatrices d’emploi durable en Bretagne », il analyse les enjeux et les leviers pour consolider ce secteur clé tout en l’inscrivant dans une trajectoire plus sobre, circulaire et équitable. Il examine le rôle crucial de l’industrie dans l’économie bretonne et aborde, notamment, les enjeux de recrutement et de formation, essentiels pour soutenir la dynamique de réindustrialisation. 

Le tissu industriel breton se caractérise par sa diversité et son ancrage territorial. En 2023, il compte près de 18 000 entreprises, dont une grande majorité (86,5%) sont des TPE de moins de dix salariés.  

Ce secteur génère environ 185 000 emplois directs, représentant 14,3 % de l’emploi régional, un taux supérieur à la moyenne nationale (11,6 %). L’agroalimentaire domine le paysage industriel breton, concentrant 41 % des emplois. Cette prépondérance contribue à une plus forte féminisation de l’industrie régionale par rapport à la moyenne nationale. L’automobile et la construction navale constituent également deux filières majeures.  

Bien que les métropoles de Rennes et Brest polarisent une partie de l’activité, la présence importante de TPE et PME assure un maillage industriel sur l’ensemble du territoire breton.  

L’industrie bretonne s’appuie sur plusieurs secteurs clés : la fabrication de biens d’équipement, la construction navale et la métallurgie. Cette dernière a connu une croissance remarquable, avec une augmentation de 5 % de l’emploi entre 2019 et 2023. Une évolution qui place la Bretagne en tête des régions françaises pour l’évolution de l’emploi salarié dans ce domaine.  

Cependant, le tissu industriel breton fait face à plusieurs défis. Sa position géographique excentrée par rapport au marché européen, la prédominance de PME et TPE, les contraintes foncières et la forte dépendance aux secteurs agroalimentaire et automobile – deux filières en mutation – constituent des facteurs de vulnérabilité. Preuve en est : ces deux dernières années, la Bretagne est la seule région à avoir perdu des emplois (-0,5 %, soit 400 postes) dans l’agroalimentaire. Le Finistère et l’Ille-et-Vilaine sont particulièrement concernés.  

L’industrie, pilier de l’économie bretonne, joue un rôle crucial dans la création d’emplois directs et indirects, tout en étant un acteur clé de la transition énergétique et écologique.  

Pour concilier réindustrialisation et durabilité, la Bretagne peut s’appuyer sur sa Stratégie régionale de transitions économiques et sociales (SRTES). Adoptée en avril 2023, elle vise notamment à renforcer la base productive régionale, tant alimentaire qu’industrielle, dans une optique de souveraineté. L’objectif est de favoriser le développement industriel tout en adoptant des modèles plus soutenables, une approche également explorée dans la monographie bretonne du Shift Project.  

La réindustrialisation de la Bretagne ne se limite pas aux aspects économiques, écologiques et territoriaux. Elle nécessite, par ailleurs, un effort concerté pour accroître l’attractivité des métiers industriels et adapter les formations.  

Le secteur industriel français, y compris en Bretagne, fait face à un important besoin de main-d’œuvre. Près de 100 000 embauches sont nécessaires, d’ici à 2030, au niveau national. Cette pénurie s’explique par divers facteurs : une image ternie du secteur, des préjugés sur les carrières industrielles, le manque d’attrait de certaines zones d’emploi ou des conditions de travail parfois exigeantes.  

Les difficultés à recruter s’expliquent aussi par un phénomène d’évaporation, également présent au niveau national : une part importante des personnes formées ne rejoint pas les rangs de l’industrie. Cette situation complexifie la satisfaction des besoins en recrutement (estimés à 20ִ 000 en 2022 et 18 500 en 2024). 

Pour relever ces défis, la Bretagne a mis en place diverses initiatives : la création de campus industriels, la mise en place du CPRDFOP et de contrats d’objectifs et de moyens industriels, le programme de modernisation Breizh Fab.  

La Bretagne participe également à des actions nationales comme la Semaine de l’industrie, les Territoires d’industrie et France 2030. D’autres initiatives sont plus régionales comme la plateforme d’orientation Industriz.