Marché du travail. Accélération, depuis 2008, de la destruction des emplois intermédiaires
Ariell Reshef et Farid Toubal, deux économistes, viennent de publier un ouvrage démontrant que la disparition des emplois intermédiaires s’est accélérée depuis la crise de 2008 et que ce phénomène a profondément modifié la structure de l’emploi en France. Ils constatent dans le même temps une progression des emplois très qualifiés (sciences, technologies, management, ingénieurs) et non qualifiés dans les services (livreurs, salariés du secteur de la propreté…).
La crise de 2008 a donc « renforcé le mouvement structurel de polarisation de l’emploi dans l’économie française ». Ce mouvement a également été accentué par « la mondialisation et le progrès technologique [qui] ont joué plus fortement en France ces 20 dernières années que dans les autres pays de l’OCDE ». Entre 1994 et 2013, la France a détruit autant d’emplois intermédiaires que le Royaume-Uni et les États-Unis depuis le début des années 1980. Cela tiendrait selon eux à « la rigidité relative de la structure des salaires. Lorsque les salaires s’ajustent moins, l’emploi réagit davantage », expliquent-ils.
Ce constat est inquiétant car « la polarisation de l’emploi contribue fortement aux inégalités des revenus », plus que l’évolution des salaires pour des postes similaires. Pour éviter la disparition programmée des classes moyennes, les auteurs préconisent d’investir dans l’éducation et la formation. « Il est important de disposer d’un système de formation professionnelle flexible et réactif, visant à aider les personnes qui perdent leur emploi à acquérir rapidement les compétences nécessaires pour un prochain poste, qui pourra relever d’une profession différente », concluent-ils.