Marché du travail. Comment réduire les fractures territoriales de l’emploi ?
Dans le cadre des 4es Rencontres de l’emploi, organisées le 2 avril à Paris par Pôle emploi et Le Monde, tour d’horizon des fractures territoriales de l’emploi et des possibles solutions. Selon Stéphane Ducatez, chargé des études et de la performance à Pôle emploi, « 40 % des offres d’emploi se trouvent dans les 10 plus grandes agglomérations seulement ». Ce constat met en lumière les inégalités territoriales face à l’emploi, qui se rajoutent aux inégalités liées au niveau de diplôme ou d’origine sociale, comme l’illustre la publication « La France en morceaux » de l’Institut Montaigne.
La mobilité des demandeurs d’emploi a été au cœur des débats du 2 avril. Stéphane Ducatez le rappelle : « la mobilité géographique des demandeurs d’emploi est souvent présentée comme un levier possible pour favoriser le retour à l’emploi ». Cette solution semble même évidente au vu de certaines données : 42 % des chômeurs vivent sur leur territoire de naissance et 55 % habitent sur ce territoire depuis plus de 10 ans.
En réalité, les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît. Thomas Sigaud, sociologue, l’affirme : « la mobilité n’est pas un ingrédient qui augmente la probabilité de trouver un emploi ». En revanche, elle a un coût financier, en termes de qualité de vie, de bien être social… Les chômeurs ne prendront donc pas le risque de déménager si leur seule perspective est de trouver un emploi mal rémunéré, avec des conditions de travail difficiles et/ou des temps de transport conséquents.
Autres freins à la mobilité : la bi-activité dans les couples. L’Occitanie en est un exemple flagrant. La région, dynamique en termes d’emplois a pourtant un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale du fait de l’arrivée de nombreuses familles où le conjoint n’a pas trouvé d’emploi.
Faut-il, du coup, favoriser la mobilité des demandeurs d’emploi ou trouver des solutions pour créer davantage d’emplois sur les territoires qui en ont besoin ? Autre donnée à prendre en compte, le fait que la « ville [n’apparaisse] plus comme le lieu des opportunités » selon Hugo Bevort, directeur des stratégies territoriales du Cget du fait des prix de l’immobilier, de la pollution, de l’engorgement des transports… L’économiste Nadine Levratto plaide, pour sa part, pour une organisation différente des territoires et d’autres modèles de développement (plus de liens économiques entre les régions, facilitation de l’émergence de pôles industriels…). Il faut aussi analyser des territoires comme Figeac (Lot-et-Garonne) ou Thiers (Puy-de-Dôme) pour mieux comprendre leur dynamisme et les raisons de leur réussite. Ces données permettront peut être de mieux accompagner la création d’emplois hors des métropoles et de réduire les fractures territoriales.