Pauvreté. La difficile équation emploi logement, une cause du chômage structurel en France ?
« La difficulté à se loger à distance raisonnable de son travail serait une des causes du chômage structurel en France ». Selon le Laboratoire de la mobilité inclusive, un quart des demandeurs d’emploi aurait renoncé à prendre un poste à cause de problèmes liés au transport, comme un Français sur quatre aurait renoncé à un poste ou à une formation.
De beaux locaux, bien placés au coeur de la ville ou dans un quartier agréable, sont devenus un critère d’attractivité pour les entreprises au même titre que le salaire pour attirer de nouveaux salariés. « Cette concentration des emplois à l’intérieur des grandes villes » engendre une explosion des loyers. Au mètre carré, les prix ont flambé de 20 % à Paris en 20 ans, par 3 dans les départements limitrophes et par 2,4 dans la grande couronne. Les grandes villes de province subissent cette hausse de prix même si le logement parisien reste « deux fois plus élevé ».
Si les cadres supérieurs des grands groupes, aux rémunérations confortables peuvent prétendre aux logements des centres villes ou de la périphérie proche, il en est autrement pour les personnes « aux salaires modestes », pour ceux en CDD, au chômage… Le coût financier lié au déplacement sera également un arbitrage dans le choix d’un emploi.
Le logement est la deuxième difficulté rencontrée par les demandeurs d’emploi après les difficultés financières.
A Bordeaux, le dynamisme de ville attire des personnes des régions limitrophes. Angélique Bourget, conseillère à Pôle emploi explique la situation dramatique de certaines personnes qu’elle suit : « Sur mon portefeuille de demandeurs d’emploi, un quart des personnes est sans domicile ou en situation d’être expulsée. J’ai même deux ou trois personnes qui, tout en ayant un travail, sont logées par le 115 ou dorment dans leur voiture ».
La question du logement pour les entreprises est également primordiale. L’éloignement domicile-travail est un handicap. Des profils de candidats ayant plus de 60 km à faire sont refusés par certaines entreprises car elles savent, qu’à terme, le salarié sera lassé et quittera son emploi. La SNCF l’a bien compris : elle va consacrer 20 millions d’euros par an pour loger ses nouveaux embauchés « à moins de 20 km de leur lieu de travail ».
Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pose la question « Peut-être que la principale politique de l’emploi aujourd’hui devrait être une politique de logement »…