Planification écologique : la stratégie nationale emplois et compétences concernera huit millions d’emplois d’ici à 2030

Dans son rapport « Stratégie emplois et compétences pour la planification écologique », mis à jour en juillet 2024, le SGPE rend compte des besoins futurs en emploi dans les secteurs clés pour la planification écologique et des besoins en formation. Il propose une méthodologie d’actions détaillées dans les secteurs prioritaires et rappelle l’importance de territorialiser la stratégie emplois/compétences.

Selon le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), les actions de lutte contre le réchauffement climatique pourraient impacter près de 8 millions d’emplois et créer entre 200 000 et 550 000 emplois, en France, d’ici à 2030, dans les secteurs à enjeux tels que le bâtiment, l’industrie et l’énergie. D’où la nécessité de réinventer la formation initiale et professionnelle. La prise en compte des spécificités sectorielles et régionales est fondamentale pour sa mise en œuvre.

Adapter la formation aux besoins

Si tous les actifs devaient être formés aux enjeux de la transition écologique, il serait indispensable de former plus de 2,8 millions de travailleurs dans les secteurs prioritaires d’ici à 2030, dont 90 % d’employés et d’ouvriers. Cela implique de réviser en profondeur une grande partie des enseignements professionnels. Le SGPE préconise d’actualiser les référentiels des certifications et d’adapter les contenus des formations.

 

Il faudra notamment porter une attention particulière aux apprentis formés dans le BTP. En effet, peu d’entreprises maîtrisent aujourd’hui les enjeux de rénovation. Moins de 10 % d’entre elles détiennent le label « reconnu garant de l’environnement » (RGE). Cette problématique questionne la durabilité des compétences acquises au cours de la formation.

Des disparités sectorielles et régionales

Selon le SGPE, il y aurait, au niveau national agrégé, suffisamment de places dans les formations en lien avec les enjeux de la planification écologique. Cependant, il existe de fortes différences en fonction des secteurs d’activités et des zones géographiques. Par exemple, dans le transport et notamment dans le transport de voyageurs, l’offre de formation semble trop peu prendre en compte les défis de la transition écologique (< 5 % des besoins futurs).

 

Dans la famille professionnelle du bâtiment, il y aurait 49 000 places en formation initiale, avec un taux de couverture des besoins de 93 %, soit une couverture relativement bonne pour répondre au besoin de compétences vertes à venir. Cet état des lieux n’est pas représentatif au niveau régional. Le taux de couverture des besoins est de 112 % en Normandie alors qu’il est de 73 % en Bretagne. Autrement dit, il y a un manque de places dans les formations initiales bretonnes pour répondre aux attentes des entreprises vertueuses.

Toujours dans le bâtiment, on observe un manque de places dans les formations en apprentissage. Le taux de couverture des besoins est de 65 % au niveau national et de 49 % en Bretagne.

Les Régions : fer de lance de la planification écologique

Le SGPE avait appelé, dès son rapport préliminaire (février 2024), à territorialiser la stratégie emplois et compétences. L’organisme propose d’affiner un diagnostic à l’échelle régionale. Aussi, il préconisait de bâtir une véritable GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) pour la planification écologique.

 

Depuis fin 2023, des COP régionales se sont progressivement mises en place. Au cours d’un récent webinaire, Emmanuel Schneider, directeur de programme au SGPE, a précisé l’objectif des COP régionales : l’appropriation, par les acteurs des territoires, des plans nationaux puis leur déclinaison, en fonction de leurs politiques et de leurs spécificités. La COP Bretagne a été lancée en avril 2024. La Région Bretagne avait déjà entamé cette démarche en créant, en 2017, la Breizh COP.

 

Adopté le 15 mai 2024, un avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) met l’accent sur l’importance de mobiliser toutes les parties prenantes pour faire face à l’urgence climatique. En outre, il souligne le rôle décisif des Régions, exerçant la compétence emploi, formation et orientation. Pour le CESE, elles « constituent [ainsi] un chaînon indispensable de la planification écologique ». Suivant les recommandations des CESER Bretagne, Normandie et Centre-Val de Loire, le CESE préconise également de mettre en place un pilotage stratégique de la transition énergétique et écologique au sein des Comités régionaux de l’emploi, de la formation et de l’orientation professionnelles (CREFOP).

 

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