Première édition de l’Agro’lab. Des besoins en compétences dans les industries agroalimentaires bretonnes
L’agroalimentaire est confronté à des enjeux importants en matière de formation, de recrutement et d’attractivité. Lors de l’Agro’lab, les résultats de l’étude Dictia « Diagnostic des compétences territoriales pour l’industrie agroalimentaire » autour des besoins en compétences et en formation et l’étude « Attractivité 360° » concernant les indicateurs et leviers d’attractivité de la filière agroalimentaire bretonne ont été présentés.
L’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (ABEA) et la Commission paritaire régionale de l’emploi et de la formation (CPREFP) du secteur alimentaire ont organisé le 15 septembre 2023 la première édition d’Agro’Lab. Objectif ? apporter des regards croisés et des partages d’expérience autour des sujets d’attractivité, de formation et de compétences dans les industries agroalimentaires bretonnes (IAA). La restitution de deux études et deux tables rondes ont permis d’échanger sur le sujet.
La Bretagne, première région agroalimentaire française
La Bretagne concentre 18 % des effectifs des industries agroalimentaires françaises alors que la région ne concentre que 5 % de l’emploi national total. Un Breton sur dix travaille dans le secteur de l’agriculture ou de l’agroalimentaire, tandis qu’un Français sur vingt exerce un emploi similaire.
Le secteur agroalimentaire est le premier secteur industriel en Bretagne. Avec sa production alimentaire variée, la filière agroalimentaire bretonne contribue fortement à la souveraineté alimentaire française. Le tissu économique est constitué principalement de petites et moyennes entreprises, couvrant une variété de secteurs d’activités tels que l’abattage et la transformation de viandes, les industries laitières, les produits de la mer, la boulangerie et la biscuiterie, entre autres. Les métiers proposés sont diversifiés avec une part importante des emplois consacrés aux fonction de production. La part des cadres est faible, comparée à l’ensemble des activités économiques.
Le secteur est créateur d’emploi. Par ailleurs, en raison d’une proportion élevée de travailleurs de plus de 45 ans par rapport aux jeunes, l’industrie agroalimentaire est confrontée à la nécessité de renouveler ses effectifs tout en assurant la transmission des compétences et des savoir-faire.
Les activités et les modes de production évoluent en lien notamment avec les attentes des consommateurs, les enjeux de transition écologique, les évolutions technologiques, réglementaires…
Des difficultés de recrutement couplées à un faible taux de chômage
Toutes les entreprises interrogées dans le cadre de l’étude Dictia indiquent des difficultés de recrutement et de pourvoi de postes vacants. Ces tensions sont particulièrement importantes sur les métiers techniciens de maintenance, d’opérateurs de production ou de pilotes de lignes. Ces problèmes de recrutement en Bretagne s’expliquent en partie par le faible taux de chômage de la région, qui se classe le deuxième plus bas du pays après les Pays-de-la-Loire. Cela rend plus complexe pour les entreprises de trouver des candidats, en particulier dans les zones où le plein emploi est presque atteint.
Face à ces contraintes, les entreprises recrutent de plus en plus fréquemment en mettant l’accent sur les compétences de savoirs être (soft-skills). Toutefois, sur certains postes, les compétences techniques demeurent des critères essentiels, notamment dans les fonctions de production ou de support à la production. Le diplôme et l’expérience professionnelle restent des critères importants. La capacité d’apprentissage et l’adaptabilité sont également mises en avant.
Compétences attendues – tous métiers confondus Bretagne
Des difficultés aussi à attirer des candidats en formation
Tout comme les entreprises, les organismes de formation rencontrent des difficultés à attirer des jeunes ou des publics en reconversion vers les métiers de l’agroalimentaire, notamment sur des premiers niveaux de qualification.
La formation est un levier pour attirer de nouveaux publics et faire évoluer les salariés en poste.
Bien que la Bretagne occupe la première place en France en termes d’emplois dans le secteur agroalimentaire, l’offre de formation y est moins développée qu’ailleurs, avec seulement 56 organismes de formation dans ce domaine. De plus, il existe 88 certifications différentes et 356 sessions de formation, mais ces dernières ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins réels du secteur.
Du point de vue des entreprises, plusieurs obstacles à la formation ont été relevés. En tête de liste des freins cités par les entreprises figurent les contraintes financières, suivies des contraintes liées au temps et à la disponibilité des collaborateurs, puis viennent enfin les difficultés liées à la logistique.
Depuis le début de la crise sanitaire, les organismes de formation ont développé de nouvelles modalités pédagogiques intégrant davantage d’enseignement à distance dans leurs solutions de formation. Bien que le format en présentiel demeure prédominant, le mélange de pédagogie entre le présentiel et le distanciel (blended-learning) est en pleine expansion.
Quelles pistes pour demain ?
Dans un contexte marqué par un faible taux de chômage et des difficultés de recrutement dans plusieurs secteurs d’activité, plusieurs pistes ont été évoquée pour renforcer l’attractivité des métiers et faciliter l’accès à la formation dans l’agroalimentaire.
Ces pistes comprennent :
- la valorisation des métiers ;
- le développement de trajectoires professionnelles dans les industries agroalimentaires et la création de passerelles entre les métiers ;
- la reconnaissance de l’expériences et des compétences des salariés ;
- la promotion des dispositifs de formation mobilisables ;
- l’adaptation de l’offre de formation ;
- un meilleur accompagnement des managers.