Quels sont les besoins en compétences et en formation dans l’interindustrie bretonne ?

En Bretagne, 93 % des établissements de l’interindustrie considèrent que le développement des compétences est un enjeu majeur pour relever les défis de l’avenir et faire face aux pénuries de main-d’œuvre.

L’offre de formation est-elle adaptée à leurs besoins ?

En Bretagne, les entreprises de l’interindustrie* employaient plus de 100 000 salariés en 2022. Ainsi, un salarié breton sur dix travaillait dans ce domaine d’activité. L’Observatoire Compétences Industries de l’Opco 2i a publié, en juin 2024, une étude pour cerner la dynamique de ce domaine et mettre en lumière ses problématiques et ses besoins en termes d’emploi, compétences et formation.

 

* Interindustrie : industrie manufacturière (hors agroalimentaire), production d’énergie, services énergétiques et recyclage.

Un maillage territorial dense et diversifié

L’interindustrie est présente sur l’ensemble du territoire, mais certains bassins industriels se distinguent. Plus de la moitié de ses établissements se concentrent sur quatre Commissions territoriales emploi-formation (CTEF) : soit Rennes/Brocéliande/Vallons de Vilaine ; Auray/Vannes ; Cornouaille et Brest.

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« Si Rennes et Brest concentrent 36 % des emplois de l’interindustrie en Bretagne, de nombreux bassins industriels maillent le territoire breton. Dans certaines zones comme Fougères, Redon, Vitré, Ploërmel, l’industrie emploie plus d’un salarié sur cinq. Des spécificités émergent çà et là : chimie à Redon, ameublement à Auray, papier carton à Quimperlé. Dispersées sur le littoral, plusieurs centaines de PME œuvrent dans l’industrie et les services nautiques », cite l’étude.

 

Plus de 90 % des établissements ont moins de 50 salariés. La branche professionnelle de la métallurgie se démarque, embauchant plus de la moitié des salariés bretons de l’interindustrie.

77 % des établissements expriment un besoin de développer des compétences spécifiques

Dans le domaine de l’interindustrie, 82 % des établissements estiment que l’offre de formation est adaptée à leurs besoins. Cependant, concernant les formations liées à des spécificités sectorielles, seuls 57 % d’entre eux jugent l’offre adaptée. Ce sentiment est davantage marqué dans les Côtes-d’Armor.

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Les établissements font face à un besoin urgent de compétences spécialisées. Plus des trois quarts d’entre eux indiquent avoir besoin de développer des compétences en lien direct avec leur secteur d’activité (77 %). Un besoin de compétences en qualité, hygiène, sécurité, environnement est également exprimé (51 %), reflétant les enjeux de sécurité et de transition environnementale.

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Dans son rapport, l’observatoire signale des écarts entre les besoins en compétences prioritaires mis en avant par les entreprises et les domaines de formations financés par l’Opco 2i. Une entreprise sur deux a des besoins dans le domaine de la maintenance, mais seulement 3 % des actions de formation financées par l’Opco s’y rapportent. Cet exemple illustre la nécessité d’analyser l’offre de formation.

Encourager le recours aux AFEST

Le recours à des professionnels de la formation est une pratique très répandue dans les entreprises de l’interindustrie. La très grande majorité des entreprises réalisent leurs formations en interne. Seulement une sur cinq développe des formations en AFEST (Action de Formation en Situation de Travail), jugées coûteuses et complexes à mettre en place.

 

Le directeur régional de l’Opco 2i Bretagne, Jean-Marc Quentel, a annoncé dans un article de Centre Inffo – datant de juillet 2024 – qu’un pôle stratégie-action territoriale se déploiera à partir de la rentrée. Des kits AFEST sont en cours de déploiement par l’Opco, notamment à destination des petites entreprises.

L’alternance : un enjeu pour le renouvellement des générations

La tendance de recrutements est à la hausse. Entre 2017 et 2022, près de 9 000 postes salariés ont été créés sur le territoire breton. Aussi, sur cette période, les projets de recrutement ont plus que doublé. Ce phénomène résulte, en grande partie, de la politique de réindustrialisation mise en place dans le cadre des plans nationaux France Relance et France 2030.

 

Le recrutement et la fidélisation de salariés sont essentiels, car la moyenne d’âge des salariés est élevée. D’ici à 2030, près de 16 000 postes seraient concernés par des départs à la retraite sur l’ensemble du périmètre interindustriel. Le renouvellement des générations est une nécessité pour maintenir la dynamique de l’interindustrie bretonne. Les métiers les plus recherchés correspondent aux fonctions « production et assemblage » et « exploitation et maintenance ».

 

La main-d’œuvre qualifiée se raréfie et 69 % des recrutements sont jugés difficiles. Plus de neuf entreprises sur dix estiment manquer de candidats, et 57 % estiment que leurs compétences sont insuffisantes. Selon le rapport, cet état des lieux souligne « d’importants enjeux de développement des compétences pour qu’elles correspondent aux besoins spécifiques des entreprises, notamment dans la branche professionnelle de la Chimie ».

 

L’alternance est considérée comme un enjeu crucial pour résoudre ces problématiques de recrutement. Ce constat est partagé par 72 % des entreprises interrogées par les conseillers 2i Bretagne. Développer l’égalité femme/homme (64 %) et l’inclusion (61 %) constituent aussi d’importants défis pour pallier la pénurie de candidats.

 

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