Quels sont les motifs de rupture des contrats en apprentissage ?
La Dares a analysé les causes des ruptures de contrats en apprentissage. Si les facteurs sont multiples, ces décisions ne sont pas toujours synonymes de décrochage. Décryptage.
Publiée en octobre 2024, une étude de la Dares révèle que 36 % des apprentis – engagés en 2018 dans un cycle de formation de niveau CAP à bac+2 pour deux ou trois ans – rompent au moins un contrat de travail en apprentissage avant la fin de la deuxième année. La motivation du jeune à exercer le métier ou son intérêt pour le mode de formation en apprentissage sont faiblement significatifs. De nombreux autres facteurs interviennent comme l’origine sociale, l’âge et le niveau d’étude de l’apprenti, mais aussi les conditions de travail, le secteur d’activité ou la taille de l’entreprise avec laquelle le contrat a été signé.
Chiffres clés
36 %
des contrats sont rompus au cours de la première année et demie
55 %
de ruptures dans l’hébergement-restauration
+20 %
de risques lorsqu’un parent est inactif ou en situation inconnue
Pendant la première année et demie de l’apprentissage, le taux de rupture s’abaisse au fur et à mesure que le niveau de formation s’élève : 42 % au niveau CAP, 32 % au niveau baccalauréat et 27 % à bac+2. Au niveau CAP, les apprentis plus âgés sont plus sujets aux ruptures de contrats (47 %) et signent moins souvent un nouveau contrat par la suite. Ici, les situations de réorientation ou de retard scolaire augmentent les risques de rupture.
La rupture n’est pas systématiquement synonyme d’abandon. Parmi les jeunes qui ne sont plus en contrat d’apprentissage un an et demi après le début de la formation, un quart est resté chez leur employeur, en emploi ou en recherche d’emploi pour le métier préparé (27 %).
L’insatisfaction vis-à-vis des conditions de travail : un facteur clé de rupture, mais pas d’abandon de formation
La fréquence des ruptures varie selon les caractéristiques de l’employeur, notamment le secteur d’activité. Dans l’hébergement-restauration, plus d’un contrat sur deux est rompu au cours de la première année et demie d’apprentissage (55 %). Quasiment la moitié des apprentis de l’industrie agroalimentaire et des apprentis des activités de coiffure et de soins de beauté rompent leurs contrats précocement (44 %). Aussi, le risque de rupture diminue à mesure que la taille de l’entreprise augmente. Les petites structures de moins de 5 salariés affichent des taux de rupture de 43 %, contre seulement 19 % dans les entreprises de 250 salariés et plus.
Au milieu du contrat d’apprentissage, les contraintes physiques inhérentes au métier exercé (pénibilité, bruit, températures…) ne semblent pas induire de risque de rupture. À cette étape, être confronté à des conditions de travail insatisfaisantes est un facteur majeur. Cela peut concerner une mésentente avec le maître d’apprentissage, un manque de suivi, des heures supplémentaires non compensées ou des missions inadaptées. Les jeunes mécontents de l’ambiance de travail chez leur employeur ont, 187 % plus de risques de rompre leur contrat pendant cette période et de signer un nouveau contrat d’apprentissage au 1ᵉʳ mars 2020, plutôt que de conserver leur contrat initial.
Chiffres clés
65 %
ont eu un problème avec l’employeur ou le poste occupé
6 %
évoquent un souci avec le CFA
+44 %
de risque de rupture si la durée de transport est trop contraignante
Déterminisme social
Les ressources matérielles et relationnelles des parents réduisent le risque de ruptures. Les apprentis dont les parents sont employés ou ouvriers sont plus nombreux à rompre un contrat que les enfants de cadres et indépendants (35 % contre 31 %). Lorsqu’un apprenti a au moins un parent inactif ou que sa situation est inconnue (absence de liens avec les parents, décès, etc.), le taux de rupture s’élève à 43 %. De plus, les apprentis encouragés par leurs parents et accompagnés dans leur recherche de contrat sont moins susceptibles de l’interrompre.