Rapport sur l’usage des fonds. Quelles sont les tendances de la formation professionnelle ?
Le rapport sur l’usage des fonds de la formation professionnelle (RUF) est un outil d’aide à la décision pour les acteurs de la formation. Il évalue différents dispositifs grâce à de nombreux indicateurs (coût unitaire, profil des entrants, durée des formations, etc.). Que nous dit l’édition 2023 ?
Publiée en janvier 2024 par France compétences, l’édition 2023 du « Rapport portant sur l’usage des fonds de la formation professionnelle et du conseil en évolution professionnelle » dresse un état des lieux de sept catégories d’actions :
- l’apprentissage ;
- les contrats de professionnalisation ;
- le compte personnel de formation ;
- les projets de transition professionnelle ;
- la formation des salariés ;
- la formation des demandeurs d’emploi ;
- le conseil en évolution professionnelle.
Pour évaluer ces modes de formation, l’indicateur de référence est le coût unitaire. Cependant, de nombreuses autres données sont utilisées telles que la durée de la formation ou le taux d’insertion. Le rapport fait un point sur l’évolution des profils des bénéficiaires pour chaque dispositif de formation. Une mine d’informations qui permet de cerner l’usage de ces dispositifs.
Le développement de l’alternance : vers des formations plus inclusives
L’apprentissage connaît un franc succès. Il s’est notamment développé grâce aux aides à l’embauche et à la volonté d’étendre l’apprentissage à l’enseignement supérieur. En 2022, 63 % des apprentis préparent une certification de niveau bac+2 minimum. En 2018, ils n’étaient que 37 %. De plus, cette dynamique facilite la poursuite d’étude des apprentis. L’âge moyen des apprentis est plus élevé. L’élargissement de l’apprentissage au domaine du tertiaire a féminisé ce mode de formation. Dans le secteur privé, en 2022, elles représentent près de la moitié des effectifs (contre 34 % en 2018).
Le rapport interroge sur un probable lien entre le coût et la qualité de la formation en apprentissage. Des études complémentaires devront être menées pour confirmer ou non cette hypothèse.
Concernant les contrats de professionnalisation, ils ont légèrement progressé entre 2021 et 2022. Les formations sont de plus en plus courtes, soit d’une moyenne de 11,7 mois, contre 17,7 pour l’apprentissage. Le profil des bénéficiaires a évolué. Ils sont plus âgés et moins diplômés. En 2022, les demandeurs d’emploi représentent la moitié des entrants, contre seulement 30 % en 2017. Les sortants ont un taux d’insertion encourageant. En effet, deux bénéficiaires sur trois sont en emploi six mois après leur formation !
La formation professionnelle peut-elle réduire les inégalités ?
Selon le rapport d’usage des fonds, « le [Compte personnel de formation] joue un rôle de correcteur des inégalités d’accès observées de longue date dans le champ de la formation professionnelle continue ». En 2022, les premiers bénéficiaires étaient les demandeurs d’emploi (29 %), puis les employés (26 %) et les ouvriers (15 %). Il profite surtout aux moins diplômés. La formation aux différents permis de conduire est la plus plébiscitée.
Le projet de transition professionnelle (PTP) permet de se réinventer. En 2022, les Associations Transitions Pro ont pris en charge plus de 18 000 dossiers. Les bénéficiaires sont majoritairement peu diplômés. Plus de la moitié sont des femmes et un quart d’entre elles ont 45 ans ou plus. Les formations dispensées sont très variées. Parmi les plus demandés, en 2022, on retrouve la préparation au diplôme d’État d’aide-soignant, puis les titres professionnels conducteur du transport routier de marchandises, et les formations de développeur web et web mobile. Six bénéficiaires sur dix ont réussi leur reconversion professionnelle grâce au PTP ! Parmi les bénéficiaires sondés pour l’enquête, 97 % affirment que leur formation a été fructueuse pour leur parcours professionnel.
Chiffres clés
4,6 millions
d’actifs ont mobilisé un CEP en 2022
soit 15 % de la population active française.
69 %
des bénéficiaires de PTP disposent au plus d’un niveau baccalauréat ou moins
1,8 million
de dossiers CPF ont été validés en 2022