Replay. Sanitaire et social : éclairages sur 25 métiers à fort enjeux
Aujourd’hui, en Bretagne, près d’un actif sur cinq travaille dans le domaine du sanitaire et social. Le secteur recrute, mais reste en tension. Vieillissement de la population, croissance de l’emploi, remplacement des départs à la retraite, tensions sur le marché du travail… le secteur fait face à de nombreux défis. C’est aussi l’occasion de revenir sur notre Rendez-vous du GREF du 23 novembre 2023.
Le secteur sanitaire, social et médico-social représente une des premières filières d’emploi en Bretagne et occupe une place importante, notamment grâce à ses emplois non délocalisables.
Le replay du webinaire du 23/11/23
Des études du GREF Bretagne sur le secteur sanitaire et social
Dans ce webinaire, Océane Nouailhas, chargée de mission observatoire emploi-formation au GREF Bretagne, présente des éléments sur le contexte socio-démographique breton, la diversité des métiers et des conditions de travail.
Le GREF Bretagne réalise des études sur le secteur sanitaire en Bretagne. En 2023, une publication présentant 25 métiers caractéristiques du secteur sanitaire et social a été réalisée à la demande de la Région.
Cette étude met en avant le poids considérable des professionnels de ce secteur : 25 métiers caractéristiques représentent plus de 145 000 professionnels répartis en huit familles de métiers.
Quels enjeux pour le secteur dans les prochaines années ?
Anticiper les évolutions démographiques : les besoins en termes de soins et/ou d’accompagnement social risquent d’augmenter dans les prochaines années. Les raisons seraient liées à une croissance de la population bretonne, grâce à un solde migratoire positif, une population vieillissante (23 % des habitants ont 65 ans ou plus contre 20 % en France métropolitaine) et un fort accroissement du nombre de personnes âgées d’ici à 2040 d’après les projections de l’Insee.
Faire face aux tensions de recrutement sur certains métiers : d’après l’enquête BMO de Pôle emploi, hormis pour les professionnels de l’action sociale, plus de huit recrutements sur dix sont jugés difficiles pour toutes les autres familles de métiers du secteur sanitaire et social. L’indicateur de tension de la Dares met également en avant une tension élevée pour les métiers du sanitaire et pour deux familles de métiers du social (aides à domicile / aides ménagères et assistantes maternelles).
S’adapter aux évolutions législatives et réglementaires qui viennent impacter et faire évoluer ce secteur.
Caractéristiques sociodémographiques des 25 professions caractéristiques du sanitaire et social
Un secteur très fortement féminisé depuis longtemps. Plus de neuf professionnels sur dix sont des femmes dans les métiers suivants : aide-soignant, auxiliaire de puériculture et sage-femme. Les trois métiers les plus masculinisés sont ceux d’éducateur technique spécialisé (63 % d’hommes), d’ambulancier (65 % d’hommes) et de masseur-kinésithérapeute (48 % d’hommes)
Une part importante de professionnels est âgée de 50 ans ou plus, ce qui induit des enjeux de renouvellement sur de nombreux métiers. Cinq professions ont une part des professionnels, âgés de 50 ans ou plus, supérieure ou égale à la moyenne régionale : accompagnant éducatif et social, cadre du secteur social, éducateur technique spécialisé, cadre de santé et agent de services hospitaliers.
Une part des moins de 30 ans très variable selon les métiers : 29 % des ergothérapeutes et 28 % des éducateurs de jeunes enfants ont moins de 30 ans contre 3 % des éducateurs techniques spécialisés et 4 % des infirmiers spécialisés (anesthésistes et de bloc opératoire).
Les temps de travail sont variables en fonction des métiers, néanmoins les actifs à temps partiel sont plus nombreux dans le secteur sanitaire et social que lorsque l’on regarde l’ensemble des secteurs. Pour sept métiers, entre trois et cinq professionnels sur dix sont à temps partiel : auxiliaire de puériculture, infirmier puériculteur, assistant de service social, conseiller en économie sociale et familiale, éducateur de jeunes enfants, accompagnant éducatif et social et agent des services hospitaliers. Les métiers les plus masculinisés sont moins concernés par le temps partiel.
Les professionnels de ce secteur peuvent exercer dans de nombreux secteurs (hospitalier, aide à domicile, accueil de jeunes enfants…) ou en libéral pour une partie d’entre eux. Ils peuvent être amenés à avoir des horaires atypiques : travail « coupé », travail de nuit, week-end et jours fériés…
Marché du travail et insertion des 25 professions caractéristiques du sanitaire et social
Plus de 6 000 offres d’emploi recensées au troisième trimestre 2022. Il est toutefois difficile d’effecteur un recensement exact du nombre d’offres d’emploi dans ce secteur, car une partie ne transite pas par Pôle emploi.
Au 31 décembre 2022, 16 000 demandeurs d’emploi étaient inscrits à Pôle emploi. Nombre d’entre eux, exerçaient une activité partielle au cours du mois : par exemple, 68 % des demandeurs d’emploi inscrits sur un métier du soin avaient déclaré une activité au cours du mois.
Le GREF Bretagne réalise une enquête annuelle pour connaître la situation des 12 mois après l’obtention du diplôme. Les taux d’insertion sont très bons allant de 88 % pour les métiers de la rééducation à 97 % pour les sages-femmes pour les diplômés 2021.
La Région analyse les besoins, dresse la carte des formations et propose des financements
Stéphanie Gourret, chargée de mission animation des formations sanitaires et sociales, à la Région Bretagne, explique comment la Région agit sur ce secteur.
Depuis 19 ans, la Région Bretagne est compétente en matière des formations sanitaires et sociales en Bretagne. Cette compétence s’articule autour de quatre champs d’intervention :
- L’analyse des besoins en formation avec l’élaboration d’un schéma des formations sanitaires et sociales
- La définition de la carte des formations
- Le financement des établissements de formation
- Les bourses d’études sur critères sociaux en direction des élèves et des étudiants
Cette compétence est partagée : avec l’ARS et la Dreets pour les formations paramédicales, avec le rectorat pour les formations de travail social. Les employeurs, les établissements de formation et, de façon plus générale, l’ensemble des acteurs du secteur sanitaire, social et médico-social sont associés à cette politique régionale.
L’adaptation, l’attractivité et l’accompagnement : trois grands enjeux pour la formation
Des orientations stratégiques fixant le cadre pluriannuel de la compétence régionale ont été définies pour la période 2022-2027. Elles font partie intégrante du CPRDFOP et s’inscrivent également dans la Stratégie régionale des transitions économiques et sociales (SRTES).
Trois grands enjeux ont été identifiés :
- Proposer une offre de formation adaptée aux besoins de la population, des apprenants, des employeurs et des territoires. Cela se traduit, notamment, par la définition de l’offre et de la carte des formations.
- Agir pour l’attractivité des formations sanitaires et sociales, grâce au soutien à l’innovation pédagogique, à l’accompagnement et au soutien de dispositifs permettant des parcours de formation plus fluides (expérimentations, passerelles entre les formations, nouveaux parcours).
- Accompagner les élèves et étudiants dans leur parcours de formation, notamment en adossant le montant des bourses sur le Crous.
Quatorze formations paramédicales et treize formations sociales sur le territoire breton
Ces formations sont diplômantes, allant du niveau 3 au niveau 7. Elles sont accessibles soit par la voie initiale ou continue, au sein d’instituts de formation paramédicale et établissements de formation au travail social agréés.
Le maillage territorial de l’offre de formation
Florence Lemoine, chargée de mission animation des formations sanitaires et sociales, à la Région Bretagne, présente les cartes des formations paramédicales et du travail social.
La carte des formations paramédicales et de sage-femme est formalisée par des autorisations délivrées par le président du conseil régional. Ces autorisations fixent un nombre de places par établissement et par formation, sur un territoire donné.
Depuis l’arrêté du 10 juin 2021, les places proposées en apprentissage dans les formations paramédicales et de sage-femme ne sont plus soumises à autorisation, et il n’y a plus de régulation de l’offre en apprentissage. Pour autant, pour faire de l’apprentissage, il faut être préalablement autorisé par la Région à dispenser la formation.
La procédure de renouvellement des autorisations a été lancée fin 2022 pour la période 2023-2028. L’instruction, conjointe avec l’ARS Bretagne, a pris en compte la solidité des projets stratégiques et pédagogiques des organismes de formation, les tensions par métier, l’équilibre territorial des formations et le modèle économique proposé.
Pour cette campagne, 32 établissements ont porté des projets pour une ou plusieurs formations paramédicales ou de sage-femme.
Ce sont ainsi 234 places supplémentaires qui ont été accordées, portant le total de places autorisées en première année de formation à 4 425 pour la période 2023-2028. Ces évolutions capacitaires concernent l’ensemble de la filière et sont réparties sur tout le territoire breton.
À ce jour, en Bretagne, 23 établissements de formation en travail social sont répartis sur 34 sites, pour 2 965 places agréées en première année de formation.
Ces cartes des formations seront revues en 2024, dans le cadre de la campagne quinquennale d’agrément des établissements de formation, menée conjointement avec la Dreets.
Contact Qualif sanitaire et social :
Informations sur le financement des formations : sdfoss@bretagne.bzh
Informations sur les bourses sanitaires et sociales : sanitaireetsocial.assistance@bretagne.bzh
L’IFPS de Vannes : un exemple de formations innovantes
Véronique Lorre, directrice de l’institut de formation des professionnels de santé l’IFPS de Vannes, présente de nouveaux parcours de formation démarrant en septembre 2024.
- Infirmier : ouverture de la filière handicap réservée à des personnes en situation de handicap (douze places) et de la première filière bilingue français-anglais en France (18 places)
- Aide-soignant : ouverture de la filière orientation formation accompagnement grand-âge (OFAGE)
En janvier 2024, le GREF Bretagne propose un webinaire dédié à la petite enfance.
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