Reportage. On vous emmène dans un atelier du Learning Show
Depuis 2017, le Learning Show rassemble des centaines de professionnels de la formation, des RH et des EdTech à Rennes. Cet évènement qui « décrypte les apprentissages du futur » a eu lieu les 9 et 10 octobre 2023. Nous y étions et nous avons décidé de vous partager un des ateliers auxquels nous avons assisté. Immersion.
David Lambert, Nelly Frangeul et Sandrine Gaio en pleine construction de leur espace d’apprentissage « Deep Learning Land ».
Mardi 10 octobre 2023, 9h30. Au Couvent des jacobins à Rennes, l’atelier « Dessine-moi un espace d’apprentissage ou comment designer un espace actif » fait salle comble.
Les participants, tous des professionnels de la formation, des RH et des EdTech sont répartis en quatre ilots de six à sept personnes. Côté ambiance, l’air frais passant par les fenêtres ouvertes et les oiseaux chantant dans les enceintes, donnent à la pièce aux murs blancs des airs bucoliques. Certains qualifieront cela de détails, pas sûr d’ailleurs que les participants à l’atelier le remarquent… Mais pour les deux intervenantes, c’est l’essence d’un apprentissage réussi. Les apprenants du jour observent curieusement les tables abondant de boites à œufs vides, gommettes, cordelettes, colle, scotch, feutres, pailles, papiers, cartonnages et plastiques colorés.
« Réfléchir sur les lieux, les espaces d’apprentissages »
Monique Frambourg, l’une des deux intervenantes, rappelle l’objectif de l’atelier : « L’idée c’est de réfléchir sur les lieux, les espaces d’apprentissages. » C’est au son de l’harmonica que Monique Frambourg marque les temps d’échange, d’écoute ou de partage.
Un tour du monde des innovations pédagogiques
Les oiseaux ne chantent plus. Marie-Christine Llorca, s’introduit dans la pièce, enveloppe géante à la main. Elle rentre tout juste d’un tour du monde des innovations pédagogiques. Depuis plus de 20 ans, la Toulousaine et docteure en sciences de l’éducation dirige AGO ingénierie-formation, une entreprise spécialisée dans la formation à la pédagogie active. En septembre 2022, elle part à l’étranger pour : « aller voir, interviewer, s’imprégner de pratiques différentes en prenant le temps de comprendre, d’être en immersion et enrichie d’idées neuves. »
De retour depuis mai 2023, elle est revenue avec des trouvailles pédagogiques plein la valise. Et c’est ce qu’elle nous partage ce matin.
Marie-Christine Llorca et Monique Frambourg sont spécialistes en pédagogies actives et formation de formateurs.
« Le moindre balcon, jardin, peut être utilisé »
Marie-Christine Llorca sort de son enveloppe huit cartes. La première porte le titre « avoir l’autorisation ». La docteure en sciences de l’éducation explique qu’en France, les formateurs sont plutôt dans une logique de « je veux voir les apprenants », tandis qu’au Danemark, « je dois être facile à trouver ». Cela implique une confiance réciproque entre les apprenants et le formateur.
Elle nous emmène ensuite au Québec avec sa carte « penser l’espace élargi ». Là-bas, elle a été fascinée par l’utilisation des espaces pour l’apprentissage. Elle précise : « Les cours n’ont pas seulement lieu dans la salle de classe, mais aussi dans les corridors, la cour, le moindre balcon, jardin, peut être utilisé. » Les cartes s’enchainent.
« Passer de l’espace physique à l’environnement d’apprentissage »
Marie-Christine Llorca nous raconte la nécessité de penser l’ambiance – d’où les fenêtres ouvertes et les petits oiseaux dans le haut-parleur – la circulation fluide, la biophilie, la flexibilité du mobilier « qui va bien au-delà des roulettes sous les meubles », le numérique intégré. Sa dernière carte sert de conclusion : « passer de l’espace physique à l’environnement d’apprentissage. »
Elle insiste : « Cet espace d’apprentissage où l’on retrouve interactions sociales, pédagogie, espace physique et écosystème numérique forment un bon espace d’apprentissage. Tout cela va favoriser le “ deep learning ”, l’apprentissage profond. ». La voyageuse poursuit : « Cela permet de susciter le désir d’apprendre. »
Mise en pratique
Son topo est terminé. Place à la mise en pratique. L’harmonica retenti : « À vous maintenant d’imaginer, maquetter, toucher, rêver et pitcher votre espace d’apprentissage ».
Nous avons 20 minutes pour maquetter un espace d’apprentissage, lui trouver un nom et le pitcher. Autour de la table, nous sommes sept avec : Nelly Frangeul, David Lambert et Stéphanie Mahé du CFAI Bretagne, Sandrine Gaio d’Akto Bretagne ; Marie Buissart d’Antigone Digital Learning et Émilie Brailly de l’EHESP.
Stéphanie Mahé, David Lambert, Nelly Frangeul, Sandrine Gaio, Marie Buissart et Émilie Brailly réfléchissent à l’organisation de l’espace d’apprentissage.
Très vite, nous définissons notre cible. Nous nous adressons aux 15-25 ans. Nous répartissons les espaces. Il nous faut un espace de détente, une salle de classe, un patio, un amphithéâtre, une tisanerie, de la lumière naturelle, des bulles de travail individuel ou de groupe, des points d’eau, du mobilier mobile, des plantes, une touche déco, et … des apprenants. Le groupe est très créatif.
Le bâtiment s’articule autour d’un patio central, également relié au wifi et pourvu également de mobilier pour permettre aux apprenants de pouvoir s’installer et travailler.
Quelques coups de ciseaux plus tard, notre espace d’apprentissage est prêt pour l’inauguration : « Bienvenue à “ Deep learning Land ”… ». Nous racontons nos espaces et justifions nos choix. À tour de rôle, les équipes présentent leur projet. La récompense ? Avoir pensé autrement, avoir fait travailler son imagination, quelques nouveaux contacts et surtout : des bonbons à la violette de Toulouse pour tous les participants.