Rétrospective. Atelier coup de théâtre : des formateurs dans la peau des apprenants ! 

À la demande de Catherine Bossard, les 70 participants forment un « grand et beau cercle » avec leurs chaises. C’est l’heure du premier exercice dont le nom tombe sous le sens : « le cercle de chaises. » Tout le monde est assis sur des chaises, en cercle, sauf Catherine. C’est elle qui commence le jeu. Elle énonce une caractéristique supposée partagée par certains membres du groupe « que tous ceux qui… »  

Dans la surprise et les rires, tous ceux qui la détiennent se lèvent et changent de place. Catherine Bossard prend une place dans le cercle des chaises. C’est au tour de la joueuse qui reste sans chaise de poursuivre le jeu. La glace du début de matinée se brise, les participants apprennent à se découvrir et les corps se familiarisent à l’espace. La matinée est lancée.

L’interprétation d’un geste change selon le prisme comme dans « compléter l’image. »   Crédit photo : GREF Bretagne

Entre deux activités, Catherine Bossard et Antoine Simon ne tarissent pas de conseils : « On peut jouer parce que l’on a envie de donner une dynamique » « C’est beau de voir des adultes jouer. » « Le storytelling permet de raconter une histoire, vous pouvez expliquer pourquoi ça vous amuse de faire ce jeu, créer une ambiance. » 

Antoine Simon ne manque pas de glisser les noms des philosophes Ruwen Ogien (L’Influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale) et de Kurt Lewin qui inaugura l’étude expérimentale de la dynamique des groupes (Psychologie dynamique : les relations humaines).

Et, c’est reparti ! Autre moment fort de la matinée : « la forêt de chaises ». Cet exercice permet de communiquer, d’enclencher une dynamique collective, de susciter l’engagement, de fixer des règles, de les contourner… Le ballet de chaises reprend. Chacun place sa chaise de manière aléatoire dans l’espace.

Catherine Bossard est debout et va tenter de s’asseoir sur une chaise laissée libre. Le reste du groupe essaye alors d’anticiper ce besoin. Ils tentent de parvenir à s’assoir avant l’artiste, en vain. Les participants réfléchissent à une stratégie commune. Mais, difficile de communiquer tous ensemble ! Au fil des jeux, les participants partagent leurs expériences et leurs questionnements. Une psychologue venue de Brest ajoute que le jeu permet de « libérer les tensions et de capturer la confiance. »

Dans l’assemblée, les questions se multiplient : « Comment gérer les personnes qui n’ont pas envie de bouger ? Comment on questionne les différentes modalités d’engagement ? » Antoine Simon propose d’éviter la sémantique du théâtre, du jeu. Cela peut faire peur à certains apprenants, les mettre mal à l’aise. Il précise qu’à l’inverse, des personnes qui font du théâtre peuvent être trop dans la performance.

Exercice, de la forêt de chaise. Comment mettre en place une stratégie commune pour que la personne debout ne puisse pas s’assoir ?  Crédit photo : GREF Bretagne

Les exercices s’enchaînent. La dernière proposition de la compagnie Échappées belles : « le théâtre forum ». Cet atelier permet de confronter les points de vue par des mises en situation, par le jeu, il permet d’aborder une situation conflictuelle ou délicate. La saynète du jour : la gestion d’un apprenant qui est sur son téléphone. Comment engager alors cette personne ? Les participants réagissent ensuite et débattent des stratégies à adopter. Tour à tour, ils endossent le rôle pour illustrer leur proposition.

Utiliser le théâtre forum pour résoudre un conflit.      Crédit photo : GREF Bretagne

C’est déjà la fin de la matinée, et comme Siddhesh Dalvi, formateur conseiller au CLPS de Brest, ils sont nombreux à se voir réutiliser les exercices dès la semaine suivante : « Je suis formateur français langue étrangère (FLE) et je pense réutiliser la toute première activité du cercle des chaises. Je vais l’adapter à mes apprenants, en pensant à des choses simples comme une couleur par exemple. On peut imaginer que tous ceux qui portent du rouge se lèvent. »

Alors que Siddhesh Dalvi nous confie ses impressions sur la formation de la matinée, de nombreux participants font le bilan de la séance en observant la facilitation graphique réalisée par Sylvie Rochard, coordinatrice des actions d’animation au GREF Bretagne. Une manière innovante et ludique de réaliser une synthèse.