Textile. Les ateliers manquent de personnel
Après avoir été démantelée dans les années 1980 par les délocalisations massives, la filière textile recrée des emplois, dynamisée depuis 2015 par les besoins des PME travaillant pour le luxe et la mode. Entre 3 000 à 4 000 postes seraient à pourvoir chaque année. Partout, des Pays-de-la-Loire en passant par la Bretagne et la Normandie, les ateliers s’agrandissent et se modernisent. Mais sont confrontés au manque de personnel.
Marc Pradal, coprésident de l’Union française des industries mode et habillement, indique que les entreprises « doivent […] recruter pour faire face au départ à la retraite d’une partie de leurs salariés, mais aussi pour accompagner une partie de la croissance du secteur du luxe ». Ce marché alimente 50 % des embauches. Laurent Vandebor, délégué général de Mode Grand Ouest, estime qu’il génère « entre 10 % à 15 % de création nette d’emplois ». Autre levier du secteur : le made in France, même s’il reste encore modeste.
Pour susciter des vocations, le Comité stratégique de filière Mode & Luxe a lancé une campagne de valorisation des métiers. Car les groupes de luxe s’inquiètent de la capacité des sous-traitants à suivre le rythme de croissance. Entre 250 et 300 façonniers travaillent pour les grandes maisons (LVMH, Chanel…) mais il n’y a pas eu de nouvelles entreprises. Laurent Vandenbor rappelle que celles qui « ont survécu à la crise de 2009 se sont agrandies et ont l’obligation de trouver des solutions ». Travaillant à flux tendu, ils refusent de nouveaux clients, faute d’outil et de bras suffisants. L’urgence étant qu’ils recrutent et forment en interne. Stéphane Marseille, dirigeant de Mod Passion, un spécialiste normand de la maille, regrette qu’il y ait « des diplômes de modélistes et de stylistes mais rien côté production ». Les ateliers ont élargi leurs viviers de recrutement aux personnes en reconversion, aux migrants. Mais le temps est compté : il faut, au minimum, 18 mois pour qu’une couturière soit opérationnelle.