Une nette accélération de l’effort de digitalisation des formations en Bretagne en réponse à la crise sanitaire
Le ministère du Travail et Régions de France ont lancé en avril 2020 une enquête nationale, administrée par le réseau des Carif-Oref, pour connaître les besoins des prestataires de formation pour assurer une continuité pédagogique face à la crise du Covid-19. Plus de 14 200 organismes de formation et CFA ont répondu à l’enquête (dont 717 en Bretagne, soit un taux de réponse de 35,8%).
L’enquête fait le point sur les difficultés rencontrées par les apprenants et par les organismes de formation. Elle révèle également une accélération de la digitalisation des formations, plus marquée en Bretagne.
Principaux résultats
En Bretagne, 59,3% des OF et CFA ont été contraints de suspendre leurs formations (davantage que la moyenne nationale : 53,7%), et ce pour 3 raisons principales : accueil en présentiel indispensable pour certaines formations, impliquant le recours à un plateau technique et/ou l’apprentissage de gestes professionnels ; absence ou insuffisance de ressources pédagogiques ou de solutions techniques de formation à distance ; raisons économiques (ex. annulation de commande).
Interrogés sur l’impact de la crise du Covid-19 sur leur activité, ils expriment plusieurs difficultés : l’accès des apprenants aux contenus pédagogiques depuis leur domicile (42%) ; les obligations familiales des apprenants ou leurs problèmes de santé (30% ) ; les difficultés à obtenir le paiement des formations (26% ).
Pour maintenir le contact avec les apprenants, les prestataires de formation utilisent principalement les outils classiques de messagerie (83%) et ont recours aux appels téléphoniques réguliers (67%). Les outils de web conferences (Google Hangout, Zoom, Skype…) sont également plébiscités (76% les utilisent). Ils sont en revanche moins nombreux à recourir à certains outils collaboratifs (messageries instantanées – Whatsapp, Messenger… – réseaux sociaux), par rapport à la moyenne nationale.
Face à la crise, les OF et CFA bretons ont nettement accéléré la mise en œuvre de solutions de formation à distance. Ainsi, avant le 16 mars, 54% d’entre eux ne délivraient aucune formation en FOAD, et 29% « moins de 10% » de leurs formations, des chiffres plus élevés que la moyenne nationale (respectivement 52% et 27%). Après le 16 mars, davantage d’OF et CFA bretons ont « basculé » une part significative de leurs formations à distance : plus de la moitié des formations pour 68% (Fr.62%), voire la totalité de leurs formations pour 32% (Fr. 30%).
Les organismes qui ont poursuivi leur activité à distance ont davantage recours depuis le 16 mars à certains outils : messagerie (78%), outils de partage de fichiers (57%), plateforme intégrée / LMS (50%). Surtout, ils sont presque 3 fois plus nombreux aujourd’hui à utiliser des outils de web conférences (près de 8/10), par rapport à la situation antérieure au confinement (moins de 3 sur 10).
Les apprenants font face à des difficultés pour suivre les formations à distance. Il s’agit en premier lieu d’un matériel informatique ou de connections internet (forfaits, débit) inadaptés (cité par 20% des OF interrogés), d’indisponibilité en raison de la garde d’enfants ou de contraintes familiales (19%), de manque de compétences numériques ou de manque d’autonomie (13% chacun).
Pour accompagner les transformations nécessaires dans le contexte de crise sanitaire et post-crise, les organismes dressent l’inventaire de leurs besoins. Il s’agit d’abord de poursuivre et d’accentuer la digitalisation, en adaptant l’ingénierie pédagogique (modalités, contenus, modes de diffusion) à la FOAD. Cela recouvre notamment la mise à disposition des contenus pédagogiques, les modèles d’animations pédagogiques et les modalités d’évaluation (tests, QCM…), cités par près de la moitié des répondants. Les besoins exprimés concernent également certains outils de type plateforme intégrée-LMS (42%), devant les outils de web conferences (30%) et les outils collaboratifs (30%).
En réponse à ces besoins, les organismes souhaitent être accompagnés pour transformer leur activité et faciliter l’exercice en distanciel. Ils citent d’abord des besoins liés aux outils (notamment le financement d’équipements – 49% – ou encore la maîtrise de solutions techniques – 37%), puis à l’ingénierie pédagogique (notamment pour la conception de ressources spécifiques – 41% – ou encore la scénarisation pédagogique de parcours – 33%).
Enfin, des difficultés sont anticipées dans la perspective de la reprise complète de l’activité de formation – incluant, depuis le 11 mai dernier, la modalité du présentiel. Comme au niveau national, les OF bretons citent notamment la remobilisation des publics (67%), la remobilisation des entreprises (54%) et l’organisation des examens à la fin du confinement (40%).